L’appel du 31 mars créant l’initiative de ‘’Nuit Debout’’ a été lancé par le collectif Convergence des luttes, né le 23 février 2016, à l’issue d’une réunion publique organisée par le journal Fakir autour du film « Merci patron », réalisé par le créateur du journal,François Ruffin, Député de la France Insoumise .
Le collectif regroupait à l’origine quelques 300 personnes dont 50 très actives. Sur leur site, ils se définissent comme «syndicalistes, intellectuels, zadistes, ouvriers, mal-logés, étudiants, précaires ». Le journal d’extrême-gauche Fakir a organisé une soirée intitulé « Leur faire peur ». L’objectif était de faire converger des luttes dispersées, qu’il s’agisse de celle contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes,de celle des ouvriers de Goodyear, de celle des professeurs contre la réforme des collèges, etc… L’idée est de profiter du prochain mouvement social et/ou syndical pour embrayer sur une manifestation pacifique, une occupation des lieux et une mise en place d’une démocratie directe. La loi travail leur a offert un prétexte idéal. Nuit debout est né le 31 mars 2016 à Paris Place de la République, s’est étendu à toute la France puis aux pays d’Europe frontaliers de la France.
Outre François Ruffin, le mouvement revendique plusieurs personnalités en tant que modèle, comme l’économiste Frédéric Lordon, ou encore le sociologue sEdgar Morin souvent invité comme conférencier à l’hôtel de ville de Grenoble, , qui appellent tous à une organisation différente de la société. Ce dernier défend le nationalisme économique et insiste sur le rôle central de l’Etat bourgeois qu’il entend renforcer. Il est pour un retour à une politique protectionniste, la sortie de la monnaie unique, la prise de contrôle des banques en faillite par la puissance publique et la régulation des échanges avec l’étranger. Ce type de politique ne peut être appliqué que par des mesures dictatoriales. Ces positions le rapprochent du souverainiste Jacques Sapir, qui avait en août dernier proposé une alliance entre « la gauche souverainiste » (entre autres Mélenchon et le Front de Gauche) et le FN. Ce n’est pas un hasard si on observe à Nuit debout la présence d’éléments et même de banderoles de l’extrême droite.
Qui est François Ruffin ?
Le réalisateur du documentaire Merci Patron qui a été proche pendant longtemps du Front de gauche est devenu, en quelques mois, le fer de lance d’une jeunesse contestataire.
- 1999 : Après une maîtrise de lettres, François Ruffin fonde le journal Fakir à Amiens.
- 2000 : A 25 ans il entre au Centre de formation des journalistes (CFJ), à Paris.
- 2003 : Il publie son premier livre : « Les petits soldats du journalisme », une critique acerbe de la formation dispensée au Centre de formation des journalistes.
- 2007 : François Ruffin réalise son premier reportage sur Bernard Arnault et LVMH, pour l’émission « Là-bas si j’y suis », diffusé sur France Inter, au sujet de la délocalisation d’une grande partie de ses activités textiles.
- 2010 : Le journal Fakir devient national et paraît désormais tous les deux à trois mois.
- 2016 : Le film Merci Patron ! sort en salle le 24 février. Il est ensuite élu Député (FI) d’Amiens.
Peut-on parler d’un mouvement spontané ?
Le collectif défend un rassemblement spontané, affilié à aucun parti politique, à aucune association ou syndicat en particulier. Néanmoins, la demande réalisée à la Préfecture concernant l’occupation de la place de la République du 31 mars a été réalisée par l’organisation altermondialiste ATTAC, l’association Droit au Logement ainsi que le syndicat SUD PTT.
Ferait-on face à l’émergence d’un nouveau type de mobilisation en France ? C’est en tout cas ce que veulent croire et affirment les participants du mouvement Nuit Debout. L’initiative se répand par ailleurs dans de nombreuses villes de province.
Depuis la journée de mobilisation nationale du 31 mars contre la loi travail et l’appel à « rester après la manifestation », ce mouvement que les organisateurs présentent comme spontané continue de réunir chaque nuit plusieurs milliers de personnes.
François Ruffin déclare: « Ce n’est pas un mouvement spontané, il a fallu l’organiser ».
S’agit-il d’une opération politique ?
On peut s’interroger si ce collectif n’est pas une opération politique d’une certaine gauche alliée aux syndicats destinée à canaliser la colère des jeunes qui entrent en lutte contre la loi El Khomri, et les récupérer autant que possible dans des organisations qui tournent autour du PS depuis des décennies. Ainsi, le PS pourrait espérer bloquer le développement de tout mouvement d’opposition politique des jeunes et des travailleurs au gouvernement Hollande et à sa politique d’austérité. Pour le gouvernement Hollande, il est clair non seulement qu’aucun danger ne vient de ‘’Nuit Debout’’ mais encore qu’il lui est utile car il crée un enthousiasme dans les médias susceptibles d’influencer des couches de la jeunesse.
Dès le 14 avril Hollande disait: « Je trouve légitime que la jeunesse, aujourd’hui par rapport au monde tel qu’il est, même par rapport à la politique telle qu’elle est, veuille s’exprimer, veuille dire son mot… je ne vais pas me plaindre qu’une partie de la jeunesse veuille inventer le monde de demain…»
Il faut d’admettre que derrière une façade d’innocence politique, de refus de leaders et des partis, s’activent en fait une foule d’activistes du NPA, du Front de gauche, des syndicats et des Verts, tous liés de longue date au PS. Les directions de ces partis ont tous salué la création de ‘’Nuit debout’’.
Quelles sont leurs revendications ?
Le mouvement est parti de l’élan de la mobilisation nationale contre la loi travail mais ses revendications vont au-delà. D’après les organisateurs, si la loi avait été retirée, le mouvement, lui, n’aurait pas pour autant été annulé. On observe l’absence de revendications concrètes et sérieuses. Elles tournent autour d’une nébuleuse qui englobe des principes tels que démocraties directes, débat citoyens, appels à « changer de système ». Ce collectif fait référence aux indignés espagnols ainsi qu’au mouvement ‘’Occupy Wall Street’’. Il reste difficile de déterminer pour (ou contre) quoi luttent ces noctambules debout. Les slogans utilisés sont divers comme: ‘’Lutte des classes”, “Rêve générale”, “Désobéis aux lois injustes”, “Les dérives sécuritaires”, “Les violences policières”, etc… D’autres encore insistent sur le combat pour « le Droit au logement ». Quelques-uns demandent tout de même la fin de la loi Travail.
Les membres font semblant d’appliquer une démocratie complète mais refusent ceux qui ne sont pas en accord avec eux en allant jusqu’à les chasser physiquement, les traitant de “fascistes”(cf. Finkielkraut qui s’est fait littéralement jeter du mouvement lors d’une simple visite).
L’idéologie dominante qui motive ces gens est une sorte de nihilisme extrapolé et poussé à l’extrême. Ils ne donnent et ne trouvent aucun sens aux valeurs et principes qui structurent une société. Cette logique expliquerait pourquoi ils aspirent à vivre dans la saleté́, ainsi qu’un environnement type post apocalyptique où il n’y aurait ni état ni autorité́ et où la vie se résumerait à tout détruire ce qui reste de “beau” pour tout rendre vide de sens. Toute autorité est considérée comme liberticide selon eux, et mérite donc d’être anéantie.
Comment les politiques traditionnels réagissent-ils ?
Le collectif ‘’Nuit debout’’ se veut autogéré, sans leaders définis ni appareil organisationnel. Néanmoins, on trouve pèle mêle dans cette structure des militants des Verts et du Front de gauche, des syndicalistes, des militants associatifs, des étudiants. Il faut souligner qu’en l’absence de porte-paroles officiels, ce collectif disparate et mystérieux s’appuie pourtant sur une communication bien rodée et largement reprise par l’ensemble des médias. Le collectif communique notamment par un compte Twitter, derrière lequel on retrouve Edwy Plenel, patron de ‘’Médiapart ” toujours disponible pour attaquer l’Etat.
Le Parti Socialiste veut voire dans ce mouvement une tentative de « repolitisation » tout en relativisant son impact.
Enfin, il y a ceux qui auraient bien aimé faire partie du mouvement comme Olivier Besancenot, qui a été vu déambuler le 31 mars place de la République, ou encore Jean-Luc Mélenchon qui déclare: « Je ne veux pas récupérer le mouvement et je serai très fier que le mouvement me récupère ».
Regroupant au départ des opposants à la loi travail, ce collectif a très vite était noyauté par les groupuscules d’extrême gauche et les syndicats qui ont récupéré le mouvement pour justifier leurs actions violentes.
‘’Nuit Debout’’ est un conglomérat de groupuscules gauchistes/anarchistes/post 68-ards (antifas, NPA, etc…) qui ont extrapolé leur combat contre le capitalisme en le transformant en “combat contre tout”. Il faut enfin souligner que les casseurs utilisent ce mouvement comme prétexte pour caillasser les forces de l’ordre, saccager le mobilier urbain, les commerces, les banques etc…