Monsieur le Maire,
Chers Collègues,
Je le redis, vous vous obstinez à vouloir traiter dans un même rapport un sujet qui concerne la moitié de la population : le sujet sur l’égalité entre les femmes et les hommes et les autres formes de discriminations. Et forcément c’est un échec pour les autres formes de discriminations qui sont noyées dans un rapport et donc pas traitées au bon niveau d’attention. Je vous rappelle l’objet de la charte européenne, c’est inciter les collectivités à s’engager pour un plan d’actions visant à gommer les inégalités entre les hommes et les femmes. Votre obstination à vouloir « traiter de tout » dans un même rapport qui devient un fourretout relève, soit d’une incompréhension de la charte, soit participe à une campagne de communication dont on a l’habitude !
2^”e erreur que vous faites vous parlez d’égalité des droits. Mais entre les hommes et les femmes nous sommes égaux devant la Ioi, nous avons les mêmes droits, nous sommes régis par les mêmes lois. Aucune loi n’exclue les femmes dans quelques domaines que ce soit. Ce sont dans les usages que le bât blesse ! Ce sont les comportements qui sont discriminants. D’où l’intérêt d’enrichir les lois pour contraindre à plus d’égalité. Cela a été le cas avec les lois sur la parité en politique. Je pense qu’il faut persévérer dans cette voie qui est la seule efficace.
Cela me semblait important de repréciser cela.
Sur le contenu de ce rapport, je me cantonnerais sur le plan d’actions en direction des habitantes et des habitants.
Vous faites des propositions mais vous oubliez délibérément l’essentiel.
A l’heure où le pouvoir d’achat est en berne et notamment pour les plus fragiles et les plus fragiles sont précisément souvent des femmes seules avec des enfants (75%) avec des petits salaires ou pas de travail du tout, votre proposition se limite à proposer 9 places en crèches depuis le début de l’année dans le cas où une femme trouverait du travail. C’est vraiment le moins que l’on puisse faire ! Et vous mettez en place une mission d’observation sociale pilotée par le CCAS. C’est bien d’observer mais ensuite… quelles sont concrètement les aides apportées à ces personnes en situation de détresse ? Quel accompagnement mettez-vous en place ?
Autre sujet : la sécurité des personnes est de plus en plus menacée dans l’espace public et, encore une fois, cela concerne principalement les femmes. Dans ce rapport, nous ne trouvons rien de concret, pas le début du commencement d’un plan de lutte contre l’insécurité. Vous n’êtes pas sans savoir que les femmes ne sont plus libres dans l’espace public:
Que pour une femme, la liberté de circuler dans tous les quartiers de la ville régresse et peu importe l’horaire.
Que pour une femme, la liberté de se vêtir comme elle le souhaite n’est plus une évidence.
Que pour une femme, la liberté de s’exprimer n’est pas une évidence.
Vous n’apportez aucune réponse à ces questions cruciales des femmes qui vivent au quotidien dans ce climat de peur.
Vous n’apportez que des réponses aux femmes victimes de violences et c’est faiblard. 4 places d’accueil d’urgence et 6 places d’hébergements d’insertion pour les femmes. Ce n’est rien au regard du nombre de femmes concernées !
Mais surtout vous ne proposez rien en prévention de ces violences. Le mieux serait de limiter le nombre de victimes, vous ne pensez pas ?
En revanche, vous faites un grand laïus sur l’accompagnement des femmes dans l’apprentissage de la montagne avec des cours de cartographie, des conseils sur la gestion de ses efforts physiques et sur la sécurité en montagne (dans le cas où l’on tomberait nez à nez avec un yéti).
Un grand laïus sur l’accompagnement des femmes dans
l’apprentissage du vélo et la remise en selle.
Un grand laïus sur l’éducation des enfants en imposant les problématiques de genre et les stéréotypes dans les écoles. Pour nous, ce champ relève de l’éducation, de l’autorité et de la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants. Ce n’est pas à la collectivité d’intervenir dans ce domaine-là. Il est même dangereux de le faire surtout dans les petites classes où l’enfant manque de maturité et peut ne pas comprendre
pourquoi le discours de l’école ne correspond pas à celui de ses parents. Seuls les enseignants sont habilités à transmettre les codes, les outils qui permettent à chacun de se construire librement. L’action publique doit se cantonner à mettre à disposition des équipements pour toutes et tous. Des cours d’écoles aménagées aussi bien pour les filles que pour les garçons, des horaires pour la pratique sportive acceptables et surtout équitables entre les filles et les garçons…
L’action auprès des enfants doit se limiter à cela. En aucun cas, la collectivité doit imposer sa propre vision de la société.
D’autres actions relèvent d’intentions
Comme inciter les femmes à pratiquer un sport et notamment en développant l’école féminine de football. C’est bien, mais vous n’êtes pas sans ignorer que dès l’adolescence, certaines jeunes filles sont tenues de porter des vêtements qui ne Ieur permettent plus de faire du sport. Interrogez les présidents de clubs sportifs, ils vous le diront. Ils perdent des adhérentes dès qu’elles atteignent 13— 14 ans. Le port d’un vêtement religieux éloigne les jeunes femmes de toutes activités sportives. Il est un frein à l’émancipation des femmes. Je ne vous ferais pas le complet sur le burkini dont nous sommes farouchement opposés.
Vous mettez l’accent également sur les inégalités dans le domaine de la culture. Pour siéger dans quelques CA d’équipements culturels, je peux vous dire que les directeurs- directrices de ces équipements ont bien pris la mesure de cette complémentarité H/F dans leur programmation. Aujourd’hui, les femmes ne sont plus que spectatrices mais actrices, artistes et créatrices de spectacles.
Dans beaucoup de domaines, nous progressons dans les faits et dans les mœurs en matière d’égalité et c’est tant mieux ! Ce progrès, nous le devons principalement aux femmes remarquables qui se sont imposées dans la chose publique que ce soit dans le tissu associatif, économique ou politique.
Ce que nous regrettons dans ce rapport, c’est le manque de réponses concrètes et efficaces face aux inégalités qui perdurent. Vous proposez des actions pour vous faire plaisir qui ne permettent pas d’améliorer le quotidien des femmes les plus fragiles et souvent, malheureusement, les plus en insécurité. C’est dommage, ce rapport devrait être un recueil de bonnes pratiques qui visent à gommer les inégalités entre les hommes et les femmes et à améliorer les conditions de vie de toutes et tous dans la société.
Ce n’est pas le cas et nous le déplorons.