Monsieur le Maire,
Nous avons évoqué le sujet lors du conseil lundi dernier, au moment des débats sur le budget, mais nous profitons de l’exercice de la question orale afin d’obtenir des réponses précises de votre part à propos d’éléments essentiels pour l’avenir de Grenoble.
La situation financière de la ville après 10 ans de votre gestion est désormais connue et documentée. Votre communication bien huilée, du moins qui l’a été, ne parvient plus à camoufler la faillite, alors que les dessous de votre gestion sont maintenant mis sur la table y compris par votre ancien adjoint aux finances.
Nous avons souvent ironisé sur le slogan “un temps d’avance” que vous vous plaisez à répéter, mais finalement, force est de constater que grand mal nous en a pris.
- Car Grenoble a effectivement pris un temps d’avance pour l’impôt. Avec votre augmentation de +32%, nous conservons et de loin le record des grandes villes pour la taxe foncière. Une fierté supplémentaire à mettre à votre actif, à ranger avec le titre de 1ère ville de France hors Paris pour les îlots de chaleur ou encore pour le prix du stationnement.
- Grenoble a aussi pris un temps d’avance pour la dette, avec un encours jamais atteint dans l’histoire de la ville, qui explose la moyenne des villes de notre strate. Dans l’éventualité plus qu’incertaine où vous bénéficieriez finalement des recettes de la vente de Grenoble-Habitat, la dette se stabiliserait l’an prochain. Mais d’une part, cette recette apparaît de plus en plus comme étant purement fictive, et d’autre part, quelle que soit l’issue de ce dossier, la dette explosera à nouveau dès 2025 puis en 2026. Bien sûr, vous vous en lavez les mains et laissez ce fardeau à vos successeurs… et aux Grenoblois devant qui vous ne vous présenterez plus dans les urnes.
- Grenoble a également pris un temps d’avance pour les dépenses de fonctionnement. Loin d’avoir tiré les leçons de votre premier mandat, vous accélérez la fuite en avant avec des dépenses en hausse sans discontinuer depuis les dernières élections. Entre 2021 et 2023, on peut même parler d’explosion, et elles augmenteront encore en 2024. Et le contexte national n’est pas une excuse car là encore, nous sommes bien au-delà de la moyenne des villes de notre strate
- Enfin, Grenoble a pris un temps d’avance pour la gabegie du patrimoine municipal, entre les locaux municipaux vides rue des Alliés, chemin de la Poterne, Place des Géants, avenue Marie Reynoard pendant que vous avez acheté et rénové à grand frais le bâtiment du crédit agricole où l’on se trouve ; et le patrimoine historique de la ville à l’abandon, inexploité et pour lequel il faudrait faire appel à des initiatives privées puisque nous n’avons pas un sou pour l’entretenir.
En revanche et c’est le seul sujet sur lequel on aurait aimé que vous preniez de l’avance, nous sommes considérablement en retard pour la mutualisation, qui permettrait des économies importantes. Pour une querelle de personnes qui vous oppose au Président de la Métropole, vous créez des doublons de services qui compliquent la vie des usagers et pèsent sur les finances des deux collectivités. Vous avez ainsi repris la police de voirie juste après les municipales, et c’est désormais la métropole qui veut reprendre la gestion des arbres. On pourrait se contenter de suivre l’évolution de cette pathétique guéguerre personnelle comme un divertissement, mais elle a malheureusement des conséquences lourdes car elle se joue sur fond d’argent public.
Tous ces éléments sont à mettre à votre actif malgré, je le rappelle, un violent plan d’austérité qui a d’abord touché les quartiers populaires et malgré la vente de GEG à la métropole pour renflouer un peu les caisses au prix d’un outil stratégique majeur.
Vous êtes d’ailleurs toujours dans cette stratégie de bradage des bijoux de famille puisque vous souhaitez vendre Grenoble-Habitat, ce qui pourrait, espérons-le, ne rester qu’à l’état de tentative, mais également la Compagnie de Chauffage bien que la question de la présidence semble bloquer l’opération pour le moment.
À la lueur de ce formidable bilan, vous n’avez que deux options. Et vous le savez.
- Soit vous persistez sur cette pente, et vous conduirez irrémédiablement la ville à l’asphyxie complète par l’impôt, la dette, les dépenses de fonctionnement. Les générations de futurs Grenoblois et vos successeurs à l’hôtel de ville payeront alors votre lâcheté, car vous ne serez évidemment plus aux commandes pour assumer.
- Soit, et ça demande un peu de courage, vous faites le choix des réformes de structure et des économies pérennes plutôt que de s’entêter dans une fuite en avant qui finira mal.
Lors des dernières élections municipales, vous vous étiez engagé à ne pas augmenter les impôts. On voit ce qu’il en a été. Les autres listes promettaient monts et merveilles, et tous ont éludé le sujet de la situation financière de la ville. De notre côté, nous étions les seuls à oser parler de la nécessaire réduction des dépenses de fonctionnement pour redonner des marges d’investissement, et à proposer de nouvelles recettes en tirant profit du patrimoine grenoblois abandonné.
Bien sûr, c’est plus facile de mettre sous la table ce genre de sujet pour ne parler que de ce qui fait plaisir le temps de l’élection. Nous sommes les seuls à avoir refusé de se prêter à ce petit jeu de dupes et à avoir tenu un langage de vérité aux Grenoblois. Je constate d’ailleurs aujourd’hui que sur les bancs des oppositions, si la dénonciation de votre gestion est désormais unanime, nous sommes à ce jour encore les seuls à formuler des pistes d’économies.
Plus de trois ans après les municipales, force est de constater que nos craintes exprimées à l’époque se sont avérées plus que justifiées, et qu’il est plus urgent que jamais de mettre en œuvre nos propositions.
Aussi, nous vous le demandons avec toujours cet espoir que vous finirez par revenir les pieds sur terre pour rétablir une trajectoire saine pour la ville :
- Acceptez-vous d’étudier les possibilités de réorganisation interne autour des fonctions essentielles de la ville pour élaborer un vrai plan d’économies de fonctionnement ?
À ce titre, le poids de la masse salariale doit être revu. Et j’anticipe déjà vos cris d’orfraies : il fut un temps où les dépenses de personnel rapportées aux dépenses de fonctionnement représentaient de l’ordre de 20 points de moins qu’aujourd’hui. Elles ont ensuite explosé sous le mandat de votre prédécesseur et ont continué de s’aggraver sous le vôtre. Pourtant, et nous avons là un énième exemple du fait que quantité ne rime pas avec qualité, les Grenoblois ne cessent de déplorer un service municipal moins bien rendu qu’auparavant et une dégradation de la ville !
- Ensuite, acceptez-vous de lancer une réflexion pour la valorisation du patrimoine et son utilisation afin d’en finir avec les locaux vides et les édifices qui nous coûtent chers en dépenses de fonctionnement ?
- Enfin, acceptez-vous d’engager une analyse fine, service par service, des doublons existants avec la métropole pour rationaliser le fonctionnement des deux collectivités et réaliser enfin des économies grâce à la mutualisation ?
Je vous remercie.