Monsieur le Maire,
Cette séance est très douloureuse pour vous et votre majorité. Car aujourd’hui, on solde 10 ans de votre gestion. Les envolées lyriques, les promesses d’avenir, les prédictions sur la planète, tout cela se heurte, s’écrase sur la réalité des chiffres, ceux que vous avez toujours voulu occulter avec votre PNB sur le bonheur ou l’invention de vos emprunts sans dette qui étaient le fin du fin de l’intelligence politique, tandis que les vulgaires comptables qui vous alertaient était des beaufs du monde d’avant qui n’avaient évidemment rien compris à vos fulgurances.
Vous avez menti gravement trois fois aux Grenoblois.
En 2016, quand vous avez présenté le plus bête plan d’austérité qui soit pour échapper à la mise sous tutelle en indiquant qu’il sortait Grenoble de la crise. Votre adjoint aux finances a révélé depuis qu’il n’avait pas été consulté et je pense que si lui et les élus avaient pu donner leur avis, ce plan aurait été moins bête et moins injuste socialement.
Vous avez menti en 2020 au moment des élections municipales en vous engageant devant les Grenoblois à ne pas augmenter les impôts et je pense que ce mensonge là cumulé à votre condamnation pour favoritisme justifierait totalement votre démission.
Vous mentez maintenant parce que vous savez très bien que cette augmentation massive d’impôts et ce budget ne résolvent rien pour l’avenir. Vous savez qu’ils reculent simplement l’échéance à 2026. Et cela se traduit parfaitement dans les chiffres puisqu’on voit bien qu’à partir de cette date la capacité de désendettement frôle à nouveau les zones dangereuses.
Aucune des recettes fiscales nouvelles et confiscatoires que vous prélevez sur les Grenoblois ne sont affectées au désendettement. Cette année, vous aurez baissé de 6 % les investissements prévus par rapport au budget primitif de l’an dernier.
Vous connaissez le dicton populaire attribué à Talleyrand – on lui a beaucoup attribué – “quand je me regarde je me désole, quand je me compare, je me console”.
Vous ne disposez même pas de ce recours parce que la seule comparaison qui vaille, c’est celle fournie par les ratios réglementaires de l’administration des finances qui permet aux villes de même strate de se comparer entre elles.
Sur tous les items, vous écrasez la concurrence et vous améliorez les écarts. Ils s’aggravent sur tous et aujourd’hui l’écart entre Grenoble et les autres villes de plus de 100 000 habitants est colossal, en matière de dépenses de fonctionnement par habitant, d’encours de la dette et bien entendu d’imposition par habitant.
En devenant le 1er de France pour l’impôt dans les villes de plus de 100 000 habitants, vous êtes le champion toutes catégories, et je ne comprends pas que vous n’ayez pas encore concouru au label de Maire le plus cher de France, vous qui aimez tant les labels.
Le dernier chiffre connu de la moyenne du produit des impositions directes par habitant dans les villes comparables était de 726 € en 2022 et nous étions déjà à 967 € par habitant.
En 2024, vous allez prélever 1292 € par habitant en moyenne sur le contribuable Grenoblois, là ou à Bordeaux, à Lyon, à Strasbourg, à Nantes, en moyenne on prélevait 726 €, lequel même réévalué en 2024, fera une différence considérable de traitement, une inégalité crasse car cette moyenne signifie qu’un Grenoblois de la classe moyenne modeste paiera 200, 300, 400 € parfois 500 € de plus qu’un contribuable de ces grandes villes.
Pour un bien qui aura une valeur inférieure de 25 à 40 % par rapport à ces mêmes villes.
Vous aurez totalement réussi la décroissance par une paupérisation généralisée qui tombe évidemment très mal pour une population soumise aux problématiques énergétiques et de pouvoir d’achat.
Vous n’avez rien anticipé sur cette donne, vous n’avez rien vu venir, vous le prophète des catastrophes planétaires, vous avez sacrifié les générations futures qui vont payer longtemps votre gabegie, votre politique incantatoire et irresponsable.
Mes collègues vous l’ont dit, toutes vos arnaques ont fait plouf. Vous êtes passé du discours initial trouvé à la va vite qui était la crise énergétique, l’inflation auxquels il fallait faire face pour justifier la hausse d’impôts, à la création du “bouclier social et climatique” que vous avez rempli à la va vite aussi et qui ne tient pas debout une seconde.
On sait ce qu’il en est des 15 000 € distribués aux Grenoblois pour les aider à faire face aux difficultés créées par votre hausse d’impôts. Certaines personnes âgées seules aux revenus modestes ont dû quitter leur appartement et le louer en allant vivre chez leurs enfants. Vous êtes l’auteur direct de véritables drames humains. Vous accélérez la fuite de la classe moyenne qui n’en peut plus.
Nous, c’est l’avenir qui nous inquiète, le véritable avenir, pas celui dont vous parlez, celui qui est inscrit dans vos chiffres. La dette de la ville va passer au-dessus de 300 millions cette année contre 250 millions à votre arrivée, et il est prévu qu’elle explose encore des plafonds jusqu’en 2026. La dette de la métro atteindra le milliard d’euros en 2030 sur la base de la trajectoire, et s’agissant du SMMAG sous la présidence de Yann Mongaburu, vous avez réussi à lui faire doubler l’endettement jusqu’à plus 560 millions d’euros sans avoir construit un kilomètre de tram, en ayant pris un retard considérable dans le renouvellement du matériel et un retard considérable dans le plan de désendettement signé en 2015.
C’est ce paquet-cadeau d’ensemble qui est votre héritage, la véritable dette Piolle qui va peser une vingtaine d’années sur les Grenoblois et les métropolitains. Une dette Piolle face à laquelle vous avez vidé la ville de ses pépites, à savoir GEG, et prochainement Grenoble-Habitat et la Compagnie de Chauffage qui est heureusement bloquée par la volonté d’Alan Confesson d’en demeurer Président. À quoi ça tient 11 millions d’euros.
Je souligne au passage que le contribuable ne gagne rien dans tout cela. Pour moi il s’agit d’une sorte de cavalerie budgétaire publique. Le contribuable métropolitain vient renflouer le contribuable grenoblois, mais au final ce sont les mêmes.
Vous aurez aussi transféré à la métro en toute opacité les captages d’eau de la ville de Grenoble, tout le service et la propriété de l’eau, d’une valeur patrimoniale inchiffrable, accumulé depuis 100 ans par les municipalités successives… tout en réussissant à vous faire réclamer une dette de l’eau par la métro.
Mais pour faire face à vos dettes, qu’allez vous laisser ? Où sont les richesses créées qui permettront aux générations futures d’y faire face et de faire face aux problématiques nouvelles qu’elles rencontreront ?
Car le monde ne va pas s’arrêter avec vous, avec vos prédictions, avec vos leçons. Il va continuer et il est plus grand que nous. Notre devoir est de donner des moyens de faire face à cet avenir et vous en avez privé Grenoble et les Grenoblois.
Mes collègues vous l’ont dit. les solutions existent. Elles sont urgentes. Chaque jour de perdu aggrave la situation et rend plus douloureuses ces solutions.
Dominique Spini l’a rappelé.
Pour la métropole comme pour la ville, il faut un plan drastique de mutualisation à partir du budget base zéro des deux collectivités mises à plat l’une sur l’autre. Les 281 millions d’euros de fonctionnement de la ville et les 356 millions de la Métropole additionnés, soit 637 millions et analysés, service par service, sont une source d’économie considérable.
Quand on voit les 95 postes que vous créez cette année, encore à ce Conseil Municipal, les doublons avec la métro ou des organismes existants, on est stupéfait par l’irresponsabilité de votre gestion.
Il y a évidemment toute la question du patrimoine sur laquelle les associations lancent l’alerte qui doit être appréhendée globalement et pas à la petite semaine, comme vous le faites avec de fausses ventes à la sauvette pour la chapelle des Pénitents ici, une villa ou deux ailleurs.
Dans une ville exsangue où le contribuable est étranglé, c’est un scandale que tous ces milliers de mètres carré de locaux municipaux vides, certains depuis des années et des années comme place des Géants alors que tant de start-ups, d’artisans, de professions libérales cherchent à s’installer.
Sur tous ces sujets, nous travaillons avec les Grenoblois et je les appelle tous à participer à la préparation d’un autre avenir pour Grenoble.
Car les besoins à satisfaire sont énormes en matière de solidarité, de prévention de la délinquance, pour redonner de l’espoir aux jeunes abandonnés des quartiers, des besoins énormes pour rétablir la sécurité, un espace public décent, pour retrouver la douceur de vivre à Grenoble, à laquelle chacun aspire, la vraie sobriété dans l’organisation publique, respectueuse des moyens et des possibilités contributives de chacun.
Pour les satisfaire, il faudra engager ces réformes en profondeur sans lesquelles la course folle à l’impôt et à la dette se poursuivra. Je sais que, bien au-delà de ce que notre groupe représente, de nombreuses personnalités et citoyens de la ville me disent partager notre analyse et les solutions à mettre en œuvre.
Le moment va être venu de coaliser ces forces afin de faire face à la situation que cette municipalité a créé, et j’appelle tous ceux que le futur inquiète, qui sont conscients de la réalité de la ville, à travailler ensemble à le préparer.