Monsieur le Maire,
Sur ce budget 2024, nous avons beaucoup entendu les adjoints pérorer sur les investissements à venir, mais nous ne les avons pas entendus sur l’augmentation des dépenses de fonctionnement.
Je ne vois pas comment on peut augmenter le budget investissements sans diminuer les dépenses de fonctionnement si ce n’est en augmentant les impôts. Et c’est ce que vous avez fait avec la taxe foncière.
Et ce qui est le plus frappant chez vous, c’est que même en augmentant les impôts, vous n’arrivez même pas à augmenter votre niveau d’investissement. Et cerise sur le gâteau, l’encours de dette continue d’augmenter.
Entre 2023 et 2024, les dépenses de fonctionnement augmentent de 12 millions d’euros pour atteindre 289,5 millions d’euros. Elles s’élèvent à 1800 euros par habitant, la moyenne des villes de notre strate étant de 1240 euros par habitant. Et sur la même période, les dépenses d’investissement, elles, diminuent de 6 millions d’euros.
Vous pouvez nous raconter toutes les histoires que vous voulez pour nous vendre votre budget, les chiffres sont factuels et ne trompent personne. Votre hausse des impôts, qui a fait couler tant d’encre, a bel et bien vocation à éponger vos dépenses de fonctionnement qui ne cessent de croître. C’est votre marque de fabrique, toujours plus de dépenses et quand les caisses sont vides on taxe les grenobloises et grenoblois. Jusqu’où allez-vous persister dans cette spirale infernale ?
C’est très dommageable. Les dépenses de fonctionnement constituent le premier levier d’économies qui permet d’investir, de construire la ville et d’améliorer le service public.
Mais depuis 2021, on frôle les 25 % d’augmentation des dépenses de fonctionnement.
Et vous ne pouvez pas tout mettre sur le dos de l’inflation, de la hausse des coûts de l’énergie et des prix. Vous le savez très bien, beaucoup de communes n’ont pas augmenté les impôts pour, justement, ne pas pénaliser 2 fois Ieurs habitants qui subissent déjà l’augmentation des coûts de l’énergie.
Et vous ne pouvez pas non plus tout mettre sur le dos de la revalorisation du point d’indice ou la hausse du SMIC. Car la réalité, c’est qu’en trois petites années seulement, les dépenses de personnel ont augmenté de près de 15 %. C’est bien le résultat de vos choix politiques.
Ainsi, en 2022, vous aviez créé de l’ordre de 25 ETP. Sur la seule année 2023, pas moins de 95 postes supplémentaires au sein des services. Et je ne compte même pas les transformations de postes partiels en des postes à temps complet.
Est-ce que le niveau de service rendu aux Grenoblois s’améliore, avec la création d’emplois d’attachés à la vie participative et citoyenne, de chargé de mission à la condition animale, de coordinateurs en charge de la coordination divers et variés ? Je ne pense pas.
Mes collègues conseillers métropolitains peuvent en témoigner. La mutualisation promise a échoué lors du transfert de compétences des communes vers l’intercommunalité. La métro a créé de l’ordre de 10% de postes supplémentaires. Et quant à Grenoble, non seulement la ville n’a pas supprimé de poste malgré ce transfert mais elle en a créé. C’est la double peine pour le contribuable qui voit les dépenses de fonctionnement exploser dans les deux collectivités.
Certains d’entre nous ici ont connu un temps plus propice, où le poids de la masse salariale était de l’ordre de 20 points de moins qu’actuellement. Est-ce que le niveau de service rendu était moindre ? Je ne crois pas, et il suffit pour cela d’écouter les témoignages de tous ces Grenoblois qui regrettent la ville d’alors, plus sûre, plus propre, plus apaisée, plus attractive.
Tout cela pour vous dire que les choix politiques et la volonté politique écrivent l’avenir de notre ville. Pas de fatalité et pas d’excuses !
Les dépenses de fonctionnement, si l’on ne les maîtrise pas, grèvent chaque année notre capacité d’investissement. Tandis que les économies de fonctionnement, nous les retrouverons chaque année lorsque nous ferons les comptes de la ville.
Il est temps d’inverser le mécanisme et de traquer toutes les sources d’économies.
Quelques pistes
– mettre en commun des services et des agents entre la ville et la Métro. Les collectivités locales n’ont plus les moyens de financer des doublons.
se soucier des centaines de mètres carrés de locaux vides, propriété de la ville ou de la métro. Des locaux vides, inutilisés, représentent des millions d’euros engloutis pour la ville, entre la perte de recettes éventuelles, la dégradation de ce patrimoine non entretenu ou encore le montant des dépenses qui auraient pu être économisées en y installant des services.
– optimiser les travaux d’investissement, je pense notamment à l’achat et à la rénovation à grand frais du crédit agricole où nous nous trouvons (près de 15 millions), et la construction d’un nouveau siège à 80 millions pour la métropole.
L’augmentation des impôts ne peut plus être une variable d’ajustement. Votre gestion est frappante, même en augmentant les impôts, vous prenez un bol d’air et vous replongez aussitôt.
Un exemple de bonne gestion est à vos portes, celui de la Région ARA. Les centaines de millions d’euros d’économies de fonctionnement ont multiplié par 2 la capacité d’investissement, la portant à 1 milliard 400 millions d’euros par an, sans aucune augmentation des impôts pour les habitants auvergnats et rhônalpins.
La ville de Grenoble devrait s’en inspirer pour inverser sa trajectoire financière qui va droit à l’échec.