Monsieur le Maire,
L’opération Presqu’île est visiblement une bombe financière à retardement qui augmente. Par cette délibération, vous repoussez la fin de la ZAC de 5 ans, à 2039.
Vous actualisez si j’ose dire la participation financière de la ville au déficit d’opération à près de 100 millions d’euros, je dis bien 100 millions d’euros alors que vous budgétez 5 millions en 2024. Le reste du financement, vous le faites reposer sur les générations futures.
Je relève que la SEM a décidé de ne plus recourir à l’emprunt pour ce projet, ce qui impose à la ville d’augmenter ses participations annuelles de façon à ce que la trésorerie du projet soit toujours positive.
Je fais donc remarquer au Conseil Municipal qu’il est tributaire qu’avec cette délibération. Il est soumis à un droit de tirage de près de 100 millions d’euros par une entité extérieure qui interviendra en fonction du calendrier de réalisation et pénalisera à proportion les possibilités d’agir de la ville. Ce qui réduit encore la portée de toutes vos annonces budgétaires, de toutes vos prévisions.
Sur le fond, l’aménagement de la presqu’île, un membre du GIEC a dit publiquement ce qu’il fallait en penser du point de vue de la lutte contre le réchauffement climatique. Il a jugé aberrant les édifices construits sur le bitume, avec une mauvaise circulation de l’air et a estimé que dans une ville comme Grenoble qui est une cuvette c’est une faute.
Il est étonnant que chez ceux dont le GIEC est la Bible cela n’ait donné lieu à aucune réflexion.
Sur le plan de la nature en ville, où nous sommes très en retard, ce quartier aggrave la situation puisque pour 4000 logements environ il y a 10 000 mètres carrés, un seul espace de respiration. Si on met 2,5 habitants par logement, cela fait bien 1 mètre carré d’espace vert par habitant.
Vous auriez pu, en compensation, sauvegarder l’intégralité du jardin Tarze de 5000 mètres carré, mais non, pour réaliser son aménagement que vous êtes incapable de financer sur le budget malgré les 30 % d’impôts, vous allez l’amputer de 20 % en l’urbanisant.
C’est d’ailleurs la seule logique financière qui vous guide et qui guide la SEM. Pour limiter son déficit d’opération, elle cherche à vendre le maximum de droit à construire en bétonnant le moindre espace existant, rasant tous les espaces végétalisés.
Le spectacle à partir du pont Durand-Savoyat est édifiant. Autour de l’école Simone Lagrange, des immeubles d’habitation ont perdu toute vue sur les montagnes, tout accès au soleil. La densification est intense. Il semble que la bande de terrain entre la rue et le clos des Fleurs où les arbres ont été abattus doive aussi être urbanisée. Nous espérons que vous stopperez ça, comme s’élèvent des immeubles d’habitations à l’angle du Pont, de l’avenue des Martyrs et de la voie de chemin de fer. La vie des habitants va y être très apaisée.
Si vous pouviez construire sur les voies de chemin de fer vous le feriez. Le tout avec une proportion de 50 % de logements sociaux. Le résultat est connu d’avance.
D’ailleurs, vous pourriez déjà nous donner un bilan du pavillon de la mobilité, “mutualisé, innovant, écologique », dont vous avez tant parlé, qui a eu en son temps droit à une page de notre quotidien avec son toit-terrasse végétalisée, un pavillon qui a coûté 13 millions d’euros et qui semble-t-il est vide ?
13 millions d’euros. Il faut que les Grenoblois comprennent que vos mots ont un coût. Un coût très élevé.
Dans le cas de la presqu’île, vous avez réussi à créer une nouvelle entrée de Grenoble.
Tous ceux qui arrivent par le train peuvent ainsi découvrir immédiatement la qualité de votre urbanisme, son esthétique léchée, l’harmonie subtile des couleurs et des formes, le cadre de vie allégé que vous proposez aux habitants, l’éloignement de toute nuisance sonore et surtout cette part de nature en ville qui saute aux yeux quand on le regarde.
D’ailleurs on ne va pas trahir de secret en donnant des noms mais un grand nombre d’élus de la majorité se sont précipités pour investir et s’installer eux-mêmes dans ce quartier d’avenir.
Financièrement, du point de vue urbanistique, pour la qualité de vie des habitants, il est encore temps d’améliorer le projet en tenant compte des remarques du GIEC, en constatant le réel et nous vous exhortons à nouveau à le faire avant qu’il ne soit définitivement trop tard.
J’anticipe également les deux délibérations à venir car je voudrais faire nos remarques sur Bouchayer et sur Flaubert en même temps. Elles rejoignent notre constat sur la presqu’île.
Dans les 3 cas, vous prolongez les durées de concession et renvoyez les financements lourds à vos successeurs.
La participation au déficit d’opération prévisionnel de Bouchayer est de 15 millions d’euros, le prévisionnel de Flaubert est de 46 millions d’euros pour l’instant. Car il a augmenté de près de 8 millions d’euros en un an seulement. On imagine aisément la suite.
Sur ces 46 millions d’euros de déficit prévisionnel, nous versons 3 millions en 2024.
Flaubert, avec 2000 logements dont 50 % de sociaux, est une aberration au sud de la ville qui connaît déjà les difficultés de Villeneuve, du Village Olympique, de Vigny-Musset.
Nous l’avons exprimé, les difficultés du vivre ensemble avec les premiers immeubles démontrent que nous avions raison. Dans le cas de Flaubert, qui est au commencement contrairement à la presqu’île, il est encore temps de revoir le projet, de l’alléger, de le rééquilibrer socialement pour éviter la ghettoïsation future.
Vous savez bien que les mêmes causes produiront les mêmes effets et que les propriétaires privés de la classe moyenne seront spoliés.
Si vous êtes attentif à l’avenir des Grenoblois, vous modifierez votre projet qui est trop dense et trop déséquilibré.