Monsieur le Maire,
Les déclarations suivent les déclarations. S’agissant de ce plan local de l’habitat, nous n’en voyons plus tout à fait l’intérêt puisque vous ne tenez de toute façon jamais les objectifs de construction de logements que vous annoncez.
Dans une ville-centre que vous classez 3ème plus dense de France, alors qu’elle est parfois classée première hors région parisienne. Peu importe, première ou troisième, l’important est de constater sa densité qui témoigne qu’elle ne peut en aucun cas répondre à la crise du logement.
Il est donc établi qu’elle est devenue un îlot de chaleur urbain, ce qui aura des conséquences de plus en plus graves dans une cuvette si sensible au réchauffement climatique.
Combien de logements Grenoble pourrait-elle encore construire si elle voulait urbaniser tous les espaces privés de respiration qui existent ? C’est un chiffre qu’il serait intéressant de connaître dans le document sur le Programme Local de l’Habitat. Il n’est pas fourni.
J’avais trouvé le chiffre de 4000 logements à construire au détour d’un autre document. Est-ce celui-là ? Je rappelle que ce serait au détriment de tous les espaces de respiration privés qui représentent 50 % de la part de nature en ville par habitant, une part de nature qui est aussi la plus faible des grandes villes.
Donc une aggravation dramatique des effets îlots de chaleur.
Mais si ce chiffre ou un autre est le vrai, il ne répond en rien à la « crise » du logement. De plus, vous annoncez en permanence que vous voulez porter Grenoble à 30 % de HLM : comme nous sommes à 25 % cela signifie que 100 % des nouveaux logements doivent être des HLM.
Or, la fameuse crise du logement ce sont de l’ordre de 6000 demandeurs bénéficiant d’un logement social, mécontent de là où ils habitent. En continuant à créer des quartiers qui produiront les mêmes effets, on le voit sur la presqu’île, à l’esplanade et demain à Flaubert, vous allez aggraver ce que vous appelez la crise du logement, parce que vous créez des locataires qui veulent partir.
Comme toujours avec vous, il s’agit de rodomontades, d’usines à gaz, d’actes contradictoires. Plus la vacance augmente dans le privé, nous battons des records, plus vous accumulez les contraintes sur les propriétaires, les blocages de loyers, le permis de louer délivré par la ville, les annonces de réquisition.
Entre le calendrier fou des normes nationales que le lobby vert impose aux logements anciens, la détermination de savoir dans quel secteur de la ville il se trouve pour savoir quel est son niveau d’encadrement de loyer ou s’il doit ou non déposer un permis de louer, écrasé par une taxe foncière la plus élevée de France, le propriétaire se rétracte de plus en plus.
Il est évident que le grand enjeu est la rénovation et on ne voit pas que le permis de louer que vous voudriez étendre à toute la Métropole y réponde. Vous sous-entendez que la Métropole ne fait pas assez dans cette direction mais jusque-là c’était un élu grenoblois de votre majorité qui était vice-président au logement.
Enfin je dois dire que la confusion entre le logement et l’hébergement d’urgence n’aide pas à la solution du problème. Le logement social devient de plus en plus le réceptacle de l’hébergement d’urgence avec l’installation de primo-arrivants en masse dans les quartiers. C’est la classe modeste qui doit supporter les conséquences de vos déclarations sur l’hébergement inconditionnel, sur l’accueil obligatoire de toutes les migrations légales ou illégales. Vous savez bien que c’est la principale raison de la paupérisation accélérée et de la demande de changement de logement auquel on ne peut plus répondre puisqu’aucun quartier n’est épargné.
Il faut donc dire la vérité sur les possibilités de construction, choisir entre la poursuite de la bétonisation massive de tous les espaces de respiration de la ville, sans rien résoudre, ou une politique équilibrée, responsable, de travail sur la rénovation en lien avec les propriétaires, en leur donnant de la liberté, de la confiance, séparer les problématiques du logement et de l’hébergement d’urgence et sur ce dernier cesser la démagogie de l’appel à venir alors qu’il n’est pas possible d’y répondre, sauf à transformer les quartiers en vastes centre d’hébergement. Mais nous n’avons pas non plus les moyens de l’accompagnement social très lourd à mettre en place pour y répondre.
En réalité, de PLH en PLH vous êtes dans l’impasse. Nous vous appelons à changer de paradigmes afin de prendre en compte les aspirations des Grenoblois à vivre vraiment dans un cadre de vie de qualité, apaisé, aéré et équilibré.