Monsieur le Maire,
Nous ne faisons évidemment pas la même lecture que vous de la situation de la ville après lecture du compte administratif.
Commençons par les dépenses de fonctionnement. Elles augmentent de 20 millions d’euros, passant de 250 à 270 millions. La moitié des recettes de l’augmentation d’impôts passent donc là. Je rappelle que la moyenne de la strate est de 1237 euros de dépenses de fonctionnement par habitant : nous explosons les records avec désormais 1683 euros par grenoblois.
Les seules dépenses de personnel augmentent de 8 millions d’euros. Vous vous abritez évidemment derrière les revalorisations salariales légales, mais surtout, vous avez embauché 43,7 ETP supplémentaires. Jamais la ville n’avait autant fait exploser la masse salariale depuis votre arrivée aux manettes. Nous le dénonçons à longueur de conseils : ces créations de postes de coordinateurs, de chargés d’appui et autres joyeusetés ont beau être sémantiquement très créatives, elles n’améliorent en rien le service rendu aux Grenoblois.
Au passage, côté recettes, je relève que nous percevons 756 000 euros de dividendes de GEG du fait, je cite, de “résultats exceptionnels réalisés par la SEM” en 2023. Comme les années précédentes, on aurait aimé que ces résultats profitent aux usagers qui subissent la hausse des coûts plutôt qu’aux actionnaires.
L’épargne augmente, et c’est votre grande fierté. On a envie de dire heureusement, vue la hausse d’impôts. L’encours de dette ne baisse quant à lui que de 2%, soit environ 9 millions d’euros qui paraissent bien peu eu égard aux recettes exceptionnelles. Nous sommes toujours bien au-dessus de la moyenne des communes de la même strate pour l’endettement.
La relative amélioration de ces indicateurs est un trompe-l’œil car cela tient au fait que vous n’avez pas réalisé certaines de vos grandes promesses. Évidemment vous ne l’expliquez pas comme ça : vous parlez de “travail de définition et de construction” en cours, soit une belle manière de dire que vous n’avez à peu près rien fait. On mesure aujourd’hui à quel point votre bouclier social et climatique était de la poudre aux yeux, comme nous le pressentions.
Au budget primitif, vous prévoyiez 1,1 millions pour les mobilités et notamment la gratuité ciblée des transports. Au final, moins de 100 000 euros ont été dépensés : si vous aviez associé le SMMAG à vos réflexions solitaires, qui n’a jamais consenti à ce projet, peut-être aurait-on pu éviter ces fausses prévisions, mais vous êtes plus pressé de communiquer que de dialoguer.
Les mesures pour le logement et notamment les propriétaires modestes matraqués devaient représenter plus d’1 million d’euros. Le million s’est transformé en à peine 200 000 euros. On mesure là toute la grandeur du volet “social” du bouclier.
Mais la palme de l’arnaque revient à la fameuse sécurité sociale de l’alimentation, dotée de 350 000 euros au budget primitif et à propos de laquelle vous avez grandement communiqué. Bilan des courses : 30 000 euros de dépenses, soit 10x moins que prévu, pour mettre en place un groupe de travail. On avance.
Dans tous les domaines, vos promesses de montagnes ont accouché d’une souris en 2023. Les Grenoblois le ressentent bien tant leur vie quotidienne n’a connu aucune amélioration. Sur 6 millions de “bouclier social et climatique” (on mesure là votre ambition alors que nous percevons 44 millions d’impôts en plus), près de la moitié est en fait consacrée à des dépenses de personnel pour recruter.
Les nouveaux emprunts baissent par rapport à 2022, et c’est logique, mais ils atteignent tout de même 15 millions d’euros soit presque le niveau de 2021 malgré une fiscalité désormais écrasante.
Je vous rappelle d’ailleurs que le rapport d’orientations budgétaires 2024 prévoit, après une relative accalmie en 2023 et 2024, à nouveau une explosion de l’encours de dette dès 2025 pour atteindre près de 300 millions d’euros pour le seul budget principal en 2026. La hausse d’impôts n’aura amélioré les ratios que temporairement et à nouveau des décisions difficiles devront être prises au lendemain des municipales.
Côté investissements, c’est toujours le temps des vaches maigres : on ne fait en réalité guère mieux que les années précédentes. Les dépenses réelles d’investissement passent de 70 à 77 millions d’euros seulement. Par rapport au budget primitif 2023, on passe par exemple de 15,5 millions d’euros d’investissements programmés pour le renouvellement urbain de la Villeneuve à seulement 3,75 millions réalisés.
Rien de très étonnant car on avait senti venir l’arnaque. Au moment du vote du budget primitif, vous annonciez en grande pompe le chiffre de plus de 110 millions d’euros. Nous vous faisions alors remarquer que vous réalisez chaque année près de 20 millions d’euros d’investissements en moins par rapport à ce que vous aviez budgété. Vous n’avez, cette fois-ci encore, pas dérogé à la règle.
Mais qu’importe, tant que vous pouvez communiquer : vous enfilez les mensonges comme des perles et un nouveau chasse aussitôt le précédent. Rendez-vous en 2026 pour faire le bilan mais nous prévenons d’ores et déjà les grenoblois : les dépenses de fonctionnement continuent de se creuser et l’encours de dette va continuer d’augmenter. Sans solutions de mutualisations / économies structurelles fortes, il n’y aura d’autre issue qu’une nouvelle hausse d’impôts après les élections municipales. Ceux qui ne prendront pas en compte la variable des indicateurs financiers dans leurs futures promesses électorales sont des menteurs.