Monsieur le Maire,
S’agissant de l’Abbaye, je voudrais faire plusieurs remarques.
D’abord sur le temps perdu puisqu’il a fallu près de 10 ans pour parvenir à un projet de reconstruction de logements, dans une ville où vous expliquez qu’il faut répondre d’urgence à la crise du logement.
Ensuite sur la non utilisation de ces logements pour l’hébergement d’urgence. Les familles sous les tentes en période de froid, dans les écoles, seraient mieux dans ces logements qui peuvent être chauffés et éclairés et propriété de la ville. Je rappelle à l’intention de ceux qui croient encore à vos bonnes intentions et à votre politique du coup de menton qu’il y a deux ans, vous coupiez le chauffage à des familles qui s’étaient réfugiés dans un immeuble de l’Abbaye justement.
Enfin, sur l’urbanisme transitoire dont vous vous félicitez aussi, qui permet selon vous de ‘préfigurer les usages de ces espaces qui participent fortement à entretenir la dynamique du quartier”.
Nous espérons que ce que nous voyons ne préfigure ni l’usage des espaces ni la dynamique du quartier car en ne traitant pas les abords vous laissez s’installer une porcherie à ciel ouvert qui nuit beaucoup au quartier.
Sur la procédure enfin.
Nous sommes opposés à ces procédures totalement opaques qui vous permettent de choisir les opérateurs par des petits arrangements entre amis sur des critères suffisamment flous pour vous permettre de faire ce que vous voulez.
Tous ces procédés que vous choisissez pour éviter les appels d’offres ouverts qui permettent à la concurrence de s’exercer en toute transparence, sans interdire aucunement à la collectivité de définir ce qu’elle veut, nous inquiètent beaucoup. On a vu les problèmes et les conséquences, qu’il s’agisse de l’ancien Musée de la Place de Verdun, de l’orangerie, du restaurant le 5, du couvent des Minimes pour ne citer que ceux-là.
Il faut que les Grenoblois comprennent que tous ces marchés importants sont accordés par une commission ou un jury où seuls les élus de la majorité municipale sont représentés, alors que la commission d’appel d’offres est obligatoirement ouverte à la minorité.
Évidemment, l’absence de concurrence réduit les recettes que la ville pourrait obtenir. On le voit dans ce projet immobilier privé puisque le contribuable grenoblois va aussi financer l’opération. Même si nous ne sommes pas certain de l’analyse du DAL sur les bénéfices que la société de Norbert Dentressangle va réaliser, car vos concurrents du Nouveau parti anticapitaliste sont aussi démagogues que vous dans ce domaine, mais nous sommes convaincus qu’un appel d’offres ouvert sur la base de ce que souhaitait la municipalité aurait permis de percevoir d’avantage.
Je dois dire au passage que la critique du DAL sur ce projet nous réjouit. Vous voir accusés de faire le jeu du capitalisme immobilier, de vouloir gentrifier le quartier – si ça pouvait être vrai dans certains immeubles comme au 6 rue Charles Rivail –, de créer des logements au loyer trop élevé et au prix du M2 trop élevé démontre que ces accusations là, que vous nous renvoyez si souvent, ne tiennent pas debout. Elles appartiennent à la rhétorique de l’extrême gauche pour justifier l’abandon des quartiers à leur triste sort, l’abandon des propriétaires spoliés de la valeur de leurs biens.
Là encore, il faut lire les propos du DAL, qui tient exactement le discours habituels d’Eric Piolle et de la municipalité, dans le cadre des concurrences de l’extrême gauche puisqu’il n’est un secret pour personne que le Nouveau Parti Anticapitaliste à pris la main sur ces questions de logements et de logements des migrants, fait de la surenchère et de l’agitation derrière des collectifs et notamment le DAL. Il s’agit toujours de mettre en accusation le capitalisme, car comme chacun le sait bien les systèmes socialistes administrés ont toujours produit des résultats spectaculaires avec lesquels il faut renouer.
Ce discours du DAL devrait éclairer les Grenoblois sur la tartufferie de cette gauche qui se bat dans une compétition à qui sera plus près des pauvres et des malheureux en se moquant fondamentalement de la cause puisqu’elle n’est là que pour une démonstration politique. Et vous êtes là totalement dépassés par le NPA !
Sur le fond nous pensons que le quartier ne souffre pas d’une gentrification mais d’une dégradation et d’une densification excessive. Tout ce qui a été réalisé avec l’opération Châtelet l’a été sans réalisation d’espaces de respiration. Vous avez même construit Avenue de Washington dans l’enceinte du stade. Le fait que vous ayez dû renoncer, faute d’acquéreur, à la construction de l’immeuble en accession qui devait jouxter l’immeuble ACTIS devrait vous faire réfléchir et réfléchir l’opérateur. Les acquéreurs sont de moins en moins dupes et de nombreux sites existent désormais qui éclairent sur le contexte.
Vous le savez, nous étions favorables à la conservation de ces bâtiments et nous pensions que la ville, plutôt que d’investir dans l’acquisition et la mise aux normes du siège d’une banque, le Crédit Agricole, aurait pu utiliser ces bâtiments pour en faire des lieux d’activités pour elle et d’autres afin de participer à la revalorisation du quartier, faire revivre ses commerces et faire des économies.
Comme d’habitude le projet fait l’impasse sur les parkings puisque vous prévoyez 18 places de stationnement très loin, en bordure du HLM du 72 avenue de Washington, parking que vous refusez d’aménager pour les usagers du stade comme le demandent les habitants du quartier ; et 20 places, si on a bien compris en démolissant la villa qui avait été acquise au 16 rue Argouges pour loger des personnes en difficultés. Soit 38 places de stationnement pour 200 logements, 90 chambres d’étudiants et des locaux d’activité.
À ce stade vous feriez mieux de conserver la villa acquise pour loger une famille en difficultés. Car nous ne pensons pas que ces 20 places changeront la donne.
À la fin, nous sommes sceptiques sur ce montage bancal et même si l’investisseur est sérieux, rien n’indique que le projet sera obligatoirement conduit au bout. Il y en a tant d’autres annoncés avec des procédures identiques qui sont en panne ou ne respectent pas le cahier des charges .
Ce projet monté dans l’opacité manque d’audace, ne va pas revaloriser le quartier qui en a un impératif besoin et pourrait spolier encore les nouveaux acquéreurs.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous ne le soutenons pas.