Fuite en avant budgétaire : les grenoblois vont payer la note – 26 juin 2023 (#CMGrenoble)

par | Juin 26, 2023 | Interventions

L’intervention d’Alain Carignon au nom du groupe d’opposition lors du conseil municipal de Grenoble.

Monsieur le Maire,

Je le regrette, mais votre compte administratif confirme toutes les alertes que nous formulons depuis des années sur l’état des finances de la ville et que vous ne daignez pas entendre.

Les ratios d’épargne plongent en 2022, et nous nous rapprochons dangereusement des niveaux qui ont précédé votre plan d’austérité lors du précédent mandat. Et les autres indicateurs ne sont pas meilleurs.

Vous avez contracté 32 millions d’euros d’emprunts nouveaux en 2022, et ce pour faire face au décalage des recettes attendues de la vente de Grenoble Habitat et de la compagnie de chauffage. Nous vous avions pourtant déjà alerté dès le budget primitif sur la grande incertitude de ces recettes. 

La capacité de désendettement de la ville se détériore aussi dangereusement, passant de 7.9 ans à 10.8 ans. À ce propos aussi, nous n’avons eu de cesse de vous alerter.

Les dépenses de gestion courante explosent, avec +13.18 millions d’euros par rapport à 2021. Il est intéressant de se pencher sur le détails de cette augmentation car des dépenses auraient été facilement évitables. 

+3.2 millions d’euros concernent ainsi les provisions. Dont 1,7 millions d’euros pour le contentieux avec l’entreprise Richardson. D’une part, il y a fort à craindre que la somme ne soit toujours pas suffisante vu le dossier. D’autre part, si vous aviez agi en temps et en heure pour le démantèlement du campement, si vous cessiez les appels d’air qui aboutissent à leur prolifération (on le voit encore au Clos d’Or non loin de Richardson), si vous portiez plainte systématiquement contre les marchands de sommeil qui profitent de la misère humaine, nous aurions pu éviter cet incendie dramatique. Et son coût pour la ville. 

Le coût de l’insécurité à Grenoble, cet angle mort de votre politique, se retrouve aussi avec la hausse des coûts de gardiennage dans les charges à caractère général : +1 million d’euros, rien que ça. En commission, vous avez tenté de noyer le poisson en expliquant que c’est principalement lié au retour à la normale des événements après le COVID. C’est faux : plus de 600 000 euros sur les 1 million sont directement liés à l’augmentation des besoins de gardiennage des chantiers afin, je cite votre document, “d’éviter les dégradations”. Et vous énumérez principalement des chantiers à la Villeneuve. 

+1.5 millions d’euros sont budgétés pour le contentieux à propos du transfert de l’eau qui vous oppose à la Métropole. Vous faites perdre les captages, la ressource en eau des grenoblois qui sont propriété de la ville depuis 100 ans sans interruption et  au final c’est vous qui devez de l’argent à la Métro. Heureusement que vous n’êtes pas à la tête des négociations internationales de la France.

Là encore, si vous étiez capable de communiquer normalement avec la métro, nous aurions pu éviter cette dépense. Mais chacun a bien compris que ce n’est pas votre fort. Votre difficulté à communiquer même avec ceux que vous considérez comme vos amis conduit à un contentieux à propos du restaurant du musée (et au coût pour la ville qui va avec). Alors on voit ce qu’il en est avec Christophe Ferrari, le président, on le rappelle, que vous aviez vous-même choisi en 2014. Vous reconnaissez donc également ne pas être pertinent sur le choix des hommes.

Nous vous avions déjà alerté sur tous ces éléments. Nous ne nous répétons pas pour le plaisir de rappeler que nous l’avions bien dit. Mais parce qu’il est important de montrer que votre politique et ses angles morts, votre fonctionnement solitaire et autoritaire ont un coût concret pour la ville. 

Rien que ces quelques exemples de dépenses facilement évitables en fonctionnant différemment représentent plus d’un quart de l’augmentation des dépenses de gestion courante. Excusez du peu.

Bien sûr, on connaît désormais la suite de l’histoire, qui s’est écrite au funeste conseil municipal du 13 mars dernier. 

Comme vous aviez déjà sabré le service public, vous avez actionné les derniers leviers à votre disposition. Les impôts, en les augmentant à un niveau historique alors que nous étions déjà la première ville de France pour l’impôt sur les ménages. Vous teniez à ce que nous conservions notre rang, seulement sur ce point. 

Et vous poursuivez la vente exceptionnelle des bijoux de famille, après GEG, avec Grenoble Habitat et la compagnie de chauffage. Des recettes exceptionnelles qui s’envolent. 

Mais vous avez grillé vos dernières cartouches. Cette fuite en avant ne pourra pas durer. Vous le savez, mais vous n’avez pas eu le courage d’entamer les réformes de structure nécessaires pour revenir à une situation saine. 

Nous avons déjà formulé plusieurs propositions pour redresser la barre et enrayer cette spirale infernale. Vous n’avez rien daigné entendre, et la décision modificative du budget 2023 que nous examinerons plus tard dans ce conseil nous prouve qu’à nouveau, vous persistez dans cette pente. 

Un exemple parmi d’autres. Les dépenses de personnel sont en augmentation de +5.12 millions. Ce n’est pas totalement de votre fait, j’en conviens, mais votre rôle est de l’anticiper par des économies de gestion qui vous permettent de l’absorber. 

Mais plutôt que de s’attaquer au poids de la masse salariale et de rationaliser, comme nous vous le proposons, vous n’avez aucunement su profiter des transferts à la métro et vous continuez de créer des postes. Entre 2021 et 2022, +26 équivalents temps plein. Et en 2023, de l’ordre de 60 postes supplémentaires. L’absence de mutualisation , de gouvernance commune sur tant de dossiers qui la nécessiterait, l’enchevêtrement inextricable des compétences, le cumul des services qui se renvoient la balle d’une collectivité à l’autre, aboutissent à ce que la ville et la Métropole soient asphyxiées. 

La seconde, aussi endettée que la ville, va devoir aussi augmenter la taxe foncière et va commencer par la CFE, la contribution des entreprises pour tenir la tête hors de l’eau.

Quelle gestion de la part de ceux qui prétendent connaître toutes les solutions de 2040 et 2050. 

Au fond vous avez décidé de tirer sur la corde, choisissant  délibérément de faire peser le poids des décisions structurelles indispensables sur vos successeurs. 

Et plus vous gagnez du temps en repoussant l’échéance,  plus ce sera difficile pour eux. Nous ne le cautionnerons jamais et continuerons de le dénoncer, par respect pour les grenoblois envers qui nous avons un devoir de vérité. 

Groupe d’opposition
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