Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs,
Je me suis focalisée sur certains aspects de votre rapport « Grenoble en transition »… Enfin sur certains passages de ce qui nous a été possible d’étudier, puisque jusqu’à vendredi soir il comportait 69 pages et que le rapport complet, ne nous a été transmis que vendredi à 17h33 et qu’il compte, lui, 122 pages ! Mais en conférence des présidents on nous a dit qu’il n’y avait rien de nouveau… 50 pages de plus pour rien donc ! Je vois quand même dans cet envoi tardif un manque de respect flagrant pour les oppositions ! Mais bon, nous y sommes malheureusement habitués !
Dans ce rapport donc, je découvre le projet Trouss’air qui consiste à fournir aux élèves grenoblois du matériel ayant un impact positif sur leur santé et sur l’environnement, ce qui est en soi une bonne chose… Je lis dans le rapport de l’observatoire de l’air intérieur que «la sélection de produits moins émissifs a permis une baisse de coût d’achat de l’ordre de 10 % lors de la passation du marché des fournitures scolaires.» Alors là, j’ai comme un doute… Ce serait bien la première fois que du matériel écologique coûterait moins cher que du matériel lambda… Serait-ce que les enseignants auraient moins commandé de matériel du coup ? Ce qui obligerait alors les parents à compléter ?
Quoi qu’il en soit, pour que ce soit efficace, il faudrait commencer par augmenter le budget alloué à chaque classe pour l’achat de matériel, qui est un des plus bas de la métropole ! Mais cela ne fait pas partie des priorités de la municipalité visiblement !
Je vois aussi dans ce rapport que dans le cadre du SPASER, que nous allons évoquer dans la délibération 8, vous changez d’imprimeur pour Gre.mag, au profit d’une impression plus écologique, mais aussi plus onéreuse, et du coup vous passez de 105 000 à 25 000 exemplaires. Il ne sera donc plus distribué dans toutes les boites aux lettres… Entre nous je ne suis pas sûre que cette baisse d’exemplaires d’un journal vantant effrontément votre idéologie punisse beaucoup les Grenoblois…
Je vois également que vous travaillez maintenant avec une entreprise d’insertion savoyarde pour « sur-cycler » les anciennes bâches ayant servi à la communication, pour en faire des sacs cabas que vous avez généreusement offerts aux nouveaux Grenoblois… C’est certes beaucoup plus éthique que les sacs « made in India » que vous aviez offerts l’an dernier mais sans doute beaucoup plus onéreux aussi, puisque 200 sacs ont coûté 4400€, ce qui fait quand même 22€ par sac… Les propriétaires grenoblois seront heureux de savoir que les sommes astronomiques qu’ils doivent aujourd’hui payer en taxes foncières servent à des cadeaux éthiques !
Venons-en maintenant aux cultures en transitions : je cite (sans écriture inclusive, je précise !) : « Désormais, tout acteur culturel en lien avec la ville, y compris les équipements (théâtre municipal, conservatoire, bibliothèque, musée, muséum, musée Stendhal), doit s’engager à respecter les principes de la charte des transitions… La création culturelle bridée, muselée par votre idéologie !
Je vous rappelle que pour Milan Kundera la création est « une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité ; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non pas comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte »…
Je n’ose même pas imaginer le tôlé général qu’il y aurait si un maire de droite osait imposer des normes de création aux acteurs culturels ! On entendrait aussitôt parler de nazisme !
Les acteurs culturels grenoblois, qui ne sont pas des militants de votre parti, sont confrontés à cette situation inconfortable et doivent naviguer entre leur liberté de création et la nécessité de vivre. Certains sont partis… D’autres vivent sans vous et il existe à Grenoble un foisonnement culturel qui ne trouve pas les moyens de s’exprimer à cause du carcan que votre dogmatisme impose.
Pour rentrer dans le moule, des ateliers ont été proposés et une page de ressources collaboratives est disponible sur le site internet de la ville… J’y suis allée pour voir… J’y ai trouvé en gras, entre autres, je cite : « la mise en valeur du MATRIMOINE de la ville »… ce néologisme me donne envie de citer Beaumarchais qui dans son Barbier de Séville se pressait de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ! Vous êtes affligeants, vraiment !
Cela ne veut évidemment pas dire que nous sommes contre une gestion plus responsable et éthique des lieux et du monde de la Culture, mais de là à en faire l’Alpha et l’Oméga de toute création culturelle, il y a un monde !
Vous parlez du théâtre ! Pauvre grand théâtre, qui est passé en 2022 à moins de 5 000 spectateurs, alors qu’ils étaient plus de 50 000 du temps de Guy Sisti !!! Vous, qui n’avez à la bouche que la démocratisation de la culture ! Permettez-moi de vous rappeler qu’entre 1990 et 2004, la composition socio professionnelle des abonnés montrait que 14% d’entre eux étaient employés, ouvriers ou chômeurs, ce qui faisait en moyenne 7000 spectateurs par an soit 2000 de plus que le nombre total de spectateurs annuels du théâtre aujourd’hui !!! Et si je ne prends que les chômeurs, qui étaient alors environ 4,5% des abonnés, soit plus de 2300 spectateurs par an, cela équivaut à la moitié du nombre total de spectateurs d’aujourd’hui ! Alors, votre démocratisation de la culture est encore, et les chiffres le démontrent, une vaste fumisterie !
Que dire des bibliothèques ? Votre « plan lecture dont l’objectif est de faire évoluer le réseau des bibliothèques et leur rôle vis-à-vis des usagers » ! Vous avez commencé par en fermer deux dans des quartiers où elles étaient essentielles, et vous envisagez de regrouper dans la grande bibliothèque d’autres bibliothèques de quartiers… Je cite le petit bulletin du 3 janvier dernier : « 5000 mètres carrés de plus pour la lecture publique, mais pas d’embauche. La Ville prépare un jeu de chaises musicales avec les bibliothèques existantes. Ainsi, une partie du personnel de Kateb-Yacine partira à Chavant, les espaces gagnés à Grand Place étant réservés à des usages artistiques. La bibliothèque Centre-Ville, à la Maison du tourisme, sera vidée pour un déménagement complet dans la nouvelle structure. » et c’est cela que vous appelez une évolution ! Mais nous l’avons déjà évoqué sans que cela ne vous fasse ciller !
Le conservatoire qui pour « lutter contre les stéréotypes de genre » a établi un tirage au sort paritaire pour l’attribution des places dans les cours, quitte à priver le conservatoire d’éléments brillants qui n’auraient pas le bon sexe ! Lamentable ! Mais je l’ai déjà dénoncé, en vain !
Parlons maintenant de « Rêvolutionnons demain » qui regroupait en 2023 la biennale des villes en transition, qui se déroulait au Parc Pompidou, et la fête des tuiles… ce qui me permet d’ouvrir une parenthèse, car au Parc Pompidou, les exposants n’ont pas eu à payer une remise en état du parc, alors qu’une remise en état exorbitante est demandée aux exposants du Marché de Noël, mais vos amis sont exonérés de toute taxe, on le sait bien ! Comme on sait combien vous méprisez les commerçants, vous qui prônez la décroissance, cela n’étonne plus personne !
Vous parlez de 5900 participants sur l’ensemble de l’événement « Révolutions demain » en précisant que c’est le cumul des fréquentations des différents événements… Ce qui, si je comprends bien signifie qu’un même visiteur, qui se serait rendu à 5 événements différents aurait été comptabilisé 5 fois !!! Comme il y avait 128 activités programmées, je suppose qu’un même participant a pu participer à beaucoup plus de 5 événements, alors, avec ce mode de calcul, 5900 participants, c’est tout simplement ridicule !!! Votre entre soi habituel finalement ! Ce qui est confirmé par la restauration du public où ont été servis : 10% de plats carnés, 30% de végétariens et 60% de végétaliens… Si on compare aux 6% de parents qui ont gardé le menu végétarien pour leurs enfants, on voit bien que cette manifestation ne concernait pas la majorité des Grenoblois mais seulement ceux partageant votre idéologie ! Par contre, c’est bien l’ensemble des propriétaires grenoblois qui l’ont financée par leur impôt!
Je donnerai comme autre exemple de votre gabegie : ces 3 ateliers Donut qui ont été réalisés auprès de 50 personnes au total pour, si j’ai bien compris, un budget de 4700€, soit près de 100€ par participant ! Si c’est bien cela bravo ! Il y en a qui se font plaisir avec l’argent des contribuables grenoblois !
En conclusion votre Grenoble en transition 2023, dont, je le répète, le dossier qui nous a été transmis était rempli de trous dans lesquels des textes étaient encore à insérer à deux jours du Conseil Municipal ! Si le Conseil Municipal n’avait pas été repoussé d’une semaine, on peut imaginer que ce rapport et cette délibération n’y auraient peut-être pas figuré… Elle ne devrait d’ailleurs sans doute pas y figurer aujourd’hui, ce qui ne nous manquerait pas car il répète encore et encore vos sempiternels éléments de langage dont la réalité d’action est bien mince, comme toujours !