Monsieur le Président,
Chers collègues,
Je ne reviendrai pas sur le long historique tragi-comique qui a agité la majorité métropolitaine pendant des années avant d’aboutir à cet accord.
Sans se plonger non plus dans les détails techniques, il faut bien que ceux qui nous écoutent comprennent de quoi il en retourne. Il s’agit ici de la métropole qui vient à la rescousse de Grenoble-Habitat en mettant 16 millions d’euros de recapitalisation sur la table.
Est-ce que ces 16 millions permettront au bailleur de faire plus et mieux ? Non. Il s’agit ici simplement de mettre ce qu’il faut pour assurer la faisabilité de ce qui était déjà prévu. De faire face à une urgence financière.
Tout cela parce que la ville de Grenoble, jusque-là actionnaire majoritaire à plus de 50%, n’a pas fait le nécessaire pour le bailleur. Parce qu’elle n’en a pas les moyens. Parce que l’équipe municipale actuelle cherche à s’en débarrasser pour tirer un bénéfice financier, a y compris tenté de le vendre à une filiale privée d’un groupe national, dans une chasse effrénée aux recettes pour remplir un peu les caisses d’une ville aux abois pour l’impôt, la dette, les dépenses de fonctionnement.
C’est donc à la métropole qu’il incombe aujourd’hui de sauver Grenoble-Habitat. Mais elle le fait sans en tirer de réelle contrepartie correspondant à son investissement tout de même non négligeable.
Après la recapitalisation, la ville de Grenoble ne sera plus actionnaire qu’à hauteur de 40% mais conservera ses 6 sièges d’actionnaires. La métropole porte quant à elle sa participation à 20% mais ne gagne qu’un siège, portant à 2 le nombre d’actionnaires métropolitains.
On peut s’épancher autant de temps que l’on veut sur une prétendue “gouvernance partagée”, sur les minorités de blocage pour tel ou tel sujet, sur la participation à la nomination du directeur… Le fait est que la métropole est plutôt perdante dans cette opération car le conseil d’administration reste dominé par la ville qui, elle, n’a pas mis la main au portefeuille, et la métropole n’est pas récompensée à la hauteur de son effort.
Il aurait pourtant été logique que la métropole gagne un siège supplémentaire au détriment de la ville pour accompagner sa prise de participation. C’est le sens de l’amendement du groupe CCM que nous voterons.
Si nous avons les moyens financiers, inscrits au PPI, pour cette recapitalisation, la suite est beaucoup plus floue. La métropole n’a aujourd’hui pas les moyens pour racheter les actions de la ville, comme le souhaitait la majorité municipale.
Ce serait pourtant la logique actuelle puisque la métropole affiche la volonté politique de disposer du bailleur comme d’un outil métropolitain. Mais il faut être très clair : rien ne devrait aboutir avant les prochaines élections, dans 18 mois.
Vous laisserez donc un dossier de l’ordre de 40 millions en suspens. S’ils souhaitent poursuivre dans la direction que nous empruntons là, charge à eux de mobiliser la somme. Mais considérant qu’ils hériteront aussi d’une collectivité endettée et aux dépenses de fonctionnement assommantes, charge à eux aussi de trouver les marges de manœuvre.
À la lecture de cette délibération, les grenoblois pourraient être tentés de se réjouir que ce ne soit pas la ville qui mette la main à la poche. Mais je rappellerai pour conclure, comme nous l’avons souvent expliqué, que le sort de la ville-centre et de la métropole sont entremêlés.
Ce que le contribuable grenoblois ne paye pas cette fois, c’est le contribuable métropolitain qu’il est également qui le paye. L’impôt qui pèse sur les entreprises a déjà été augmenté cette année. Des débats ont déjà commencé pour augmenter la part de taxe foncière métropolitaine, ce que souhaitent les mêmes qui l’ont fait à Grenoble.
Sans économies de fonctionnement réalisées en mutualisant les services entre ces vases communicants que sont les deux collectivités, les grosses dépenses de l’une ou de l’autre aboutiront encore et encore à la même finalité : le matraquage du contribuable.