Monsieur le Maire,
Il est frappant de constater le décalage entre votre manière de présenter ce budget, et la réalité des chiffres.
À vous entendre, tout va bien dans le meilleur des mondes et les ratios sont au beau fixe. Et pourtant, malgré un plan d’austérité en 2016 et une augmentation historique des impôts en 2023, l’encours de dette n’a jamais été aussi élevé et le taux d’épargne est toujours inférieur à la moyenne nationale des communes.
Rien qu’avec les péripéties de la vente de Grenoble-Habitat, ce projet funeste si révélateur de votre gestion, la ville en est à pas moins de 67 millions d’emprunt supplémentaires : 20 millions en 2022 suite au report de la recette de Grenoble-Habitat et de la compagnie de chauffage, 20 millions en 2023 avec le nouveau report, et en 2024, 27 millions avec la disparition pure et simple de la recette. Voilà qui en dit beaucoup sur l’honnêteté de vos budgets.
À vous entendre, jamais la ville n’a autant investi. Vous omettez de préciser qu’entre le BP 2023 et ce BP 2024, le budget investissement diminue déjà de 6 millions d’euros.
Et pour ceux qui gobent encore vos promesses, je rappellerai cette donnée très simple et révélatrice de votre capacité à travestir le réel : sur les 8 derniers exercices, vous réalisez chaque année près de 20 millions d’euros d’investissements en moins par rapport à ce que vous aviez budgété. En pourcentage, pour que les Grenoblois se rendent bien compte, cela correspond à près d’⅓ des projets que vous annoncez chaque année qui ne se réalise pas.
Voilà qui devrait inciter chacun à relativiser vos annonces et vos grandes déclarations d’intentions.
À vous entendre, jamais vous n’avez fait autant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour la justice sociale, avec votre fameux bouclier. Mais quand on penche dessus, là encore, la comm’ fait pschitt.
En 2023, le moins qu’on puisse dire, c’est que la montagne a accouché d’une souris. Votre bouclier social et climatique, érigé en tête de gondole du funeste budget post hausse d’impôt, a consisté en… 6 malheureux millions d’euros. Sur les 44 que rapporte l’augmentation de taxe foncière. Pour comprendre ce que cela représente, 6 millions, c’est ce que coûte à la ville le contentieux à Richardson, l’entreprise qui a été incendiée suite au départ de feu d’un campement sur un terrain municipal à côté.
En 2024, vous prévoyez 12 millions d’euros. Quelle accélération de l’ambition. Qu’en est-il des mesures prévues pour ce montant ?
Vous proposez une baisse des tarifs des cantines scolaires. Qui ne profitera qu’à une poignée pendant que les classes moyennes continuent de payer au prix fort, elles qui sont déjà les plus touchées par la taxe foncière.
Vous revendiquez la gratuité du musée, alors même que le prix des expositions permanentes a explosé et que l’adjointe à la culture elle-même a avoué dans la presse que vous n’aviez pas besoin d’augmenter les impôts pour réaliser ce projet.
Vous nous faites miroiter cette fameuse école du vélo qui consiste en fait en un centre d’appel, qui n’a pas encore de local, pour rediriger vers d’autres services ou des associations. 500 000 euros prévus en 2024 pour que des agents répondent à des appels : je laisse chacun juge de la pertinence de cette dépense.
Vous parlez d’amplification de la lutte contre précarité énergétique, avec comme action principale l’expérimentation “territoire zéro exclusion énergétique”… qui ne vise que 140 ménages, et qui, en ciblant les plus modestes uniquement, risque de rater son objectif car le reste à charge d’une rénovation restera trop coûteux pour nombre d’entre eux.
1,2 millions d’euros sont également budgétés pour aider les bailleurs sociaux. Une somme qui ne couvre en fait même pas les surcoûts que représente la hausse de taxe foncière pour eux. D’une main vous prenez, de l’autre vous ne rendez qu’une infime partie.
Vous revendiquez encore le “soutien aux occupants en difficulté budgétaire”. On sait à quoi s’en tenir avec ce genre de promesse. En 2023, vous annonciez 1 million d’euros pour aider les plus modestes qui ne peuvent payer leurs factures de logement, et vous avez dépensé une dizaine de milliers d’euros.
Enfin, vous vous félicitez de votre engagement pour la jeunesse et l’éducation populaire… qui consiste à créer de nouveaux postes de reponsables, dans une ville qui croule sous les dépenses de fonctionnement et en a créé 95 cette année. Vous osez expliquer que, je cite, “le soutien aux associations d’éducation populaire se poursuit” après avoir torpillé des structures socioculturelles qui s’acquittaient avec brio de cette tâche. Mais on sait bien que vous osez tout.
Voilà quelques éléments que je souhaitais soulever, qui démontrent malheureusement que ce budget est une fraude. Heureusement, votre méthode commence à être usée après 10 ans de travestissement de la réalité, et les Grenoblois commencent bien à s’en rendre compte.