Monsieur le Président,
Chers collègues,
J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi une délibération finalement assez anecdotique figure parmi celles mises en débat mais qu’importe.
Nous voterons pour cette initiative sympathique qui vise à mettre en valeur quelques commerces chaque année, même si l’intitulé “Stratégie commerce de demain” nous semble un peu pompeuse. Car vous ne proposez là qu’un gadget qui n’a rien de particulièrement stratégique.
Nous le rappelions au moment du vote de la délibération-cadre sur l’attractivité commerciale en juillet dernier : le rôle des collectivités est avant tout de créer un environnement favorable au développement de l’activité.
En la matière, on ne peut pas dire que la stratégie soit particulièrement efficace pour les commerces d’aujourd’hui, avant même de parler de ceux de demain. Je ne reviendrai pas sur les problèmes endémiques d’attractivité de la ville-centre en particulier, et sur les problèmes d’accessibilité : c’est pour ces deux sujets, que soulèvent sans cesse les commerçants, qu’il faudrait enfin une “stratégie”.
Je ne reviendrai pas non plus en détail sur le fait que vous laissez se créer des mastodontes commerciaux aspirateurs à clientèle, avec l’extension de Grand Place et Neyrpic qui ouvrira dans quelques jours, pendant que vous proposez quelques clopinettes pour les commerces de proximité qui ne compenseront évidemment rien.
Ou que vous n’articulez pas vos politiques publiques entre elles : l’exemple le plus brûlant actuellement est ce projet de réaménagement des mobilités avenue Jeanne d’Arc, pensé sans les commerçants qui subiraient des conséquences dramatiques.
Alors que la mobilisation des habitants et des commerces de l’avenue ne faiblit pas, alors que certains au sein de la majorité métropolitaine, membres de l’exécutif, s’affichent désormais à leurs côtés pour les soutenir dans ce juste combat, j’espère que vous finirez par accepter d’entendre leurs revendications.
Au passage, dans le même thème, alors que plusieurs commerçants de l’avenue de Vizille à Grenoble m’interpellent, je me permets de me tourner vers le Vice-Président pour avoir la confirmation ou l’infirmation du fait qu’un projet de suppression des places de stationnement serait prévu par la métropole dans ce secteur.
Tous ces sujets, nous avons régulièrement l’occasion de les aborder et nous connaissons nos différences d’analyse et de propositions. Mais je voudrais simplement profiter de cette délibération pour rappeler à votre souvenir le cas de cette commerçante du “Comptoir de Julie”, rue Diderot, que les travaux entrepris par la métropole et aboutissant à la fermeture de la rue ont coulé.
Nous avons souvent alerté au sein de cette enceinte, vous implorant de trouver un moyen de l’indemniser alors que l’organisation des travaux que vous avez décidé allait la conduire à sa perte. Au mieux, nous n’avons récolté que des “on va voir”. Quand ce n’étaient pas les ricanements de certains sur ces bancs.
Et bien on a vu. Cette femme n’a aujourd’hui plus de domicile. Elle dort dans sa voiture et se rend chez des amis pour se doucher. Pardonnez-moi de ramener une réalité aussi concrète qui tranche avec les incantations habituelles de vos délibérations, mais le fait est que la métropole a ruiné la vie de cette personne.
Vous comprendrez donc que je digère très mal le fait que vous soyez capables de mobiliser du temps de travail et une dotation de 4000 euros par an dans un concours pour les commerces de demain, quand dans le même temps, alors que ça ne vous aurait pas coûté beaucoup plus cher, vous n’avez pas été capable de sauver un commerce qui appartient désormais à hier. Par votre faute.
Je vous remercie.