Monsieur le Président,
Chers collègues,
Ce petit outil usine à gaz vise à faire subtilement infuser une idéologie, la vôtre, à des acteurs économiques privés qui ne sont pas là pour répéter vos mantras.
Si nous partageons tous les mêmes ambitions de préservation de la planète et la même exigence de solidarité, on ne voit pas de quel droit la collectivité devrait juger du mode de gouvernance de l’entreprise, ou de la pertinence de ses placements financiers comme vous le proposez.
Car ce qui nous gêne, c’est que vous ouvrez la porte à un conditionnement des subventions aux entreprises. Bien sûr vous y allez par petites touches : on est pour l’instant seulement dans un exercice d’autodiagnostic de l’entreprise, seulement pour les subventions de plus de 50 000 euros et les demandes de foncier.
Mais malgré vos dénégations, vous laissez clairement entendre que votre objectif est bien d’arriver à une certaine forme de conditionnement puisque vous affirmez que le score obtenu par les entreprises sera “un outil d’aide à la décision des élus métropolitains”. On sait donc à quoi s’en tenir.
L’outil retenu avec ses 20 critères fera évidemment perdre du temps aux entreprises. Mais également aux services de la métropole, qui se voient rajouter une étape supplémentaire dans l’instruction des dossiers. Des dépenses de fonctionnement supplémentaires, dans une collectivité qui est déjà bien lotie en la matière. On commence malheureusement à en avoir l’habitude.
Cette manie de faire la leçon sur la pluie et le beau temps à des acteurs privés est également particulièrement risible à l’aune de vos propres résultats. Je vous rappelle ce classement d’il y a quelques mois qui nous situait 39ème métropole sur 40 en matière d’écologie.
C’est un peu hypocrite d’expliquer aux entreprises qu’il faut s’auto évaluer et faire mieux quand dans le même temps nous sommes dans les 10 pires métropoles pour les passoires thermiques malgré le dispositif Murmur tant vanté ; nous sommes à la traîne pour la transition vers des mobilités électriques alors que la ZFE se déploie déjà et va s’accélérer ; et nous sommes toujours loin du compte en matière de tri et de gestion des déchets.
Il serait de bon ton de commencer par s’occuper de ce que la métropole maîtrise. Et pour rester dans un champ lexical bien compréhensible de ceux qui veulent fliquer le privé à tout bout de champ, de faire son autocritique. Lorsque nous serons tout à fait exemplaires, peut-être pourrons-nous nous occuper des autres.