Il y a une transition que vous aurez accéléré, la seule que vous aurez fait avancer très vite, c’est la transition de Grenoble vers la faillite. Elle est inscrite dans les chiffres. Il suffit de regarder le tableau du comparatif de Grenoble avec les villes de sa strate, le document qui doit figurer dans le compte administratif, pour constater que vous êtes mauvais en tout. Or cette décision modificative de budget et ces orientations budgétaires vont aggraver encore l’écart qui sépare Grenoble de la moyenne des villes en matière d’impôts, de dépenses de fonctionnement, de dette et d’investissements par habitant.
Nous sommes une ville écrasée de dettes et d’impôts, où l’investissement par habitant se réduit chaque année. Vous ne parlez que de générations futures, de sécurisation de l’avenir et vous êtes devenu le Maire d’une ville qui investit le moins pour les générations futures et pour préparer l’avenir.
Le maire qui aura vendu les bijoux de famille accumulés par des générations de Grenoblois, donné sans débat à la Métropole le trésor des captages de l’eau de Grenoble qui ont été 100 ans sa propriété sans aucune interruption, et quand vous partirez vous ne laisserez rien qui puisse constituer un atout, une valeur marchande, une réserve foncière, un vaste espace de respiration, que sais-je, qui offre une potentialité à ces générations futures. Vous leur laisserez la dette Piolle pour les 20 prochaines années et aucun moyen de la solder.
La vérité bête est là sous nos yeux.
Je vais vous dire ce qui me frappe le plus, ce que mon entendement a effectivement du mal à enregistrer. C’est que j’imagine que vous la voyez comme nous cette « trajectoire financière », comme vous dites, catastrophique, comme tout le monde et vous continuez à enfoncer Grenoble. Vous multipliez les comités théodule, les recrutements pour coordonner la coordination ou étudier tel segment minuscule à l’impact infime, ou recrutez pour des missions déjà remplies ailleurs par d’autres, multipliez comme on le voit encore aujourd’hui les rapports fleuves qui monopolisent l’administration municipale sur le verbe au lieu de la focaliser sur l’action. Vous voyez bien les conséquences, vous ne pouvez pas ne pas les voir, et vous continuez.
Comme je suis assez basique, j’ai mis longtemps à comprendre pourquoi. Votre fonctionnement m’étonnait un peu vu de l’extérieur, sa rigidité apparente dans les rapports, la discipline de fer régnant dans la majorité, l’absence de toute expression personnelle parmi vous, alors que ça a toujours été le cas dans les majorités, l’aspect robotisé des interventions et l’absence de toute réponse spontanée qui n’est pas passé par le moule de votre organisation, tout ça m’étonnait mais je pensais être un peu dépassé, que la politique moderne c’était désormais ça, et je n’étais décidément pas fait pour elle.
Puis Il y a eu cette première alerte, celle de Guy Tuscher et Bernadette Richard-Finot, ces conseillers de votre majorité que vous avez immédiatement essayer de disqualifier, de ringardiser, d’étouffer sous les sarcasmes. Pourtant ce qu’ils racontaient de votre fonctionnement, de vos weekends avec les fameux « séminaires de cohérence du groupe », les deux jours enfermés avec interdiction de raconter quoi que ce soit y compris à son conjoint, « j’ai vu des adjoints qui ont vraiment morflé, psychothérapie et compagnie.. » racontait Guy Tuscher à propos de vos méthodes de « cohérence de groupe ». « Qui aurait pu croire que les sympathiques écolos se comportent comme des staliniens ?” disait déjà Guy Tuscher dans l’indifférence générale. Car on y croyait pas. Il parlait de la violence de l’organisation. On n’y croyait pas vraiment.
Il racontait les réunions d’élus dans des salles fermées à clef afin que personne ne sorte, des demandes de dénonciations publiques des élus qui avaient fauté, des séances type « gardes rouges », le refus d’accès aux documents pour travailler les dossiers, il expliquait la tricherie de création de la votation citoyenne volontairement et cyniquement rendue impossible par le seuil de 20 000 votants, la façon dont Eric Piolle annonce le départ de son directeur de cabinet Gaël Roustan, “je m’en suis débarrassé” sans autre explication, et tout le temps ce fond de violence dans les rapports de la part de ceux qui n’ont que bienveillance à la bouche publique.
Honnêtement on n’ y croyait pas totalement. Il citait déjà le cas de Hakim Sabri qui bouillait de devoir suivre les ordres du cabinet et qu’Eric Piolle rattrapait aux branches. La suite a bien démontré que la description de Guy Tuscher disait tout le vrai.
Il y a eu ensuite Enzo Lesourt, le cœur du réacteur, le deuxième cerveau avec lequel vous êtes en procès désormais aux frais du contribuable toujours. On retrouve encore la dénonciation de la violence de votre fonctionnement y compris avec une femme du cabinet renvoyée – vous avez oublié cet exemple dans le rapport sur l’égalité hommes femmes – à laquelle on a dit “une femme enceinte, on sait comment ça s’en va, on ne sait jamais comment ça revient ».
Il y a eu le témoignage de Chloé le Bret, l’élue démissionnaire parce que « si être élue à l’égalité à Grenoble, c’est seulement signer des chartes pas vraiment engageantes, cela ne m’intéresse plus”.
Il y a eu cette scène qui m’avait particulièrement choqué, lors du vote sur le burkini, pour moi un vote de conscience, totalement indépendant de la discipline de parti, quand vous avez dit devant le Conseil Municipal que le nombre de ceux qui votaient pour et contre était organisé, un élu absent, une autre qui voulait voter contre qui votait pour, et 13 qui avaient le droit d’être contre permettant de laisser passer la délibération, ensuite annulée par les tribunaux. J’y ai vu là une confirmation de ce que Guy Tuscher, je dis bien Guy Tuscher, avait déclaré : « il y a quelque chose de presque mafieux dans l’organisation ».
Il y a eu depuis les déclarations des 7 exclus qu’il vous est difficile de disqualifier comme Guy Tuscher compte tenu de l’ancienneté dans le combat ou dans le rôle joué depuis 2014, je pense à Hakim Sabri et Pascal Clouaire qui ont tenu bon pour vous, pour le premier jusqu’au bout du possible dans la situation financière de la ville, qui a avalé le plan de sauvegarde, qui a tenu jusqu’à l’augmentation d’impôts.
Et le second, Pascal Clouaire, qui a tenu bon à vos côtés dans la menterie du pouvoir rendu aux citoyens alors que vous mettiez en place un mécanisme qui rendait l’accès impossible.
Je constate que tous ceux qui sortent de l’emprise sont tellement libérés qu’ils se lâchent d’autant plus et témoignent sans fard. La ritournelle est la même : violence et hypocrisie sont les deux mamelles de votre action.
Enfin, ce n’est peut être pas la fin, il y a le témoignage de cette conseillère municipale, Marie Madeleine Bouillon sous forme de roman. C’est terrifiant. Sur votre comportement personnel, sur le fonctionnement, les élus étant officiellement considérés comme des marionnettes aux mains du cabinet, ayant interdiction de parler aux journalistes, de répondre aux questions autrement que formatés par le cabinet. La description des réunions internes, des ordres du jour fermés, de l’interdiction de parler plus de 3 fois, de l’impossibilité d’évoquer une question d’actualité que le politburo n’aurait pas anticipé, la sempiternelle communication, la vôtre, en particulier nationale à laquelle tout est subordonné, dont tout dépend, les problématiques des Grenoblois n’étant même pas une variable d’ajustement… Des Grenoblois qu’il faut endormir.
Je suis désolé mais il m’a fallu la somme de ces témoignages pour que j’y crois vraiment. Je connaissais votre culture politique, son essence qui plonge loin dans l’histoire totalitaire, celle des ‘avant-garde éclairées de l’homme nouveau’ supérieures à la masse, politiques dont on connaît les résultats, mais je ne concevais pas qu’il s’agissait d’un fonctionnement de secte. Si vous n’apparteniez pas à la sphère politique qui vous rend intouchables, vous relèveriez de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les sectes. Il y a l’emprise, la violence, la pression, la menace, le lien financier pour certains, les règles de fonctionnement qui annihilent toute volonté personnelle, l’infantilisation, la déstabilisation psychologique comme le racontent Guy Tuscher et Marie Madeleine Bouillon, et le côté gourou qui joue de sa surpuissance surjouée, de sa distanciation pour tenir de main de fer avec une camarilla à sa dévotion qui tient tout 24h sur 24 avec la boucle Whatsapp ininterrompue en fil rouge.
Si ce n’était pas vrai, rendez-la publique, il ne s’agit finalement que la chose publique, des consignes aux élus, les Grenoblois pourraient légitimement la connaître. Ce serait de la vraie transparence.
Pour être tout à fait vrai avec vous, les Grenoblois ne peuvent pas encore le croire. Moi-même j’ai eu du mal à concevoir le degré infernal de cette organisation dans laquelle l’un de vos ex élus voit quelque chose de « presque mafieux ».
Mais pourquoi je raconte tout cela ? Parce que c’est l’explication pour laquelle vous ne pouvez pas changer de cap et prendre la problématique financière de la ville à bras le corps.
On comprend en filigrane, depuis les déclarations de Guy Tuscher jusqu’à aujourd’hui, que votre propre adjoint aux Finances, Hakim Sabri, a avalé les couleuvres du fonctionnement, a accepté de reporter des emprunts malgré le renchérissement des coûts pour les Grenoblois, a accepté le fameux plan de sauvegarde sur lequel on ne lui a pas demandé son avis, mais ne pouvait pas avaler que votre cabinet, qui avait imposé le plan de sauvegarde qui n’a servi à rien, soit encore aux manettes pour imposer une augmentation d’impôts qui ne sert encore à rien. Seulement à tenir 3 ans.
Il a démissionné de son poste avec dignité pour ne pas porter les 32 % d’augmentation d’impôts comme il avait porté le plan de sauvegarde, car il ne voulait pas porter deux fois un énorme mensonge aux Grenoblois dont il était cette fois pleinement conscient. La hausse d’impôts ne résout rien, pas plus que le plan de sauvegarde. Sauf de permettre à Eric Piolle de terminer son mandat sans mise sous tutelle et ensuite “après moi le déluge” pour les générations suivantes. Vous n’êtes pas le capitaine du Titanic qui est resté sur son bateau, vous êtes celui du Concordia qui fuit après l’avoir coulé.
Hakim Sabri a rendu son tablier, voté la hausse d’impôts, mais il a murmuré tout bas. La secte n’admet même pas les murmures. Il a été jeté sans considération pour rien, ni pour ses états de services. Cette violence confirme bien le caractère profondément clanique de votre fonctionnement.
C’est un fidèle de la secte, discret mais puissant élu depuis 1995, Vincent Fristot qui a pris le dossier en passe muraille comme il a accompli toutes les besognes depuis 1995 de l’urbanisme jusqu’à la vente de GEG en passant par tous les dossiers clefs.
Mais si Hakim Sabri lui-même à l’intérieur n’a rien pu faire entendre, si aucun membre de la majorité municipale qui pensait comme lui n’a osé ou pu bouger, comment nous, dans l’opposition, pourrions-nous être utiles à Grenoble. Je pense que c’est en dénonçant ce fonctionnement, dans l’espérance que des membres de la majorité qui entendent leurs ex collègues et non des moindre avoir une réaction d’honneur par rapport à l’intérêt des grenoblois, se saisissent du pouvoir qu’ils ont comme élus du peuple de braver la secte et d’intervenir en interne pour demander une rupture dans le budget de l’année prochaine. Sans cette rupture, vous serez co-responsables lucides, informés, du naufrage vers lequel vous conduisez Grenoble. Aucun de vous ne sera épargné.
Nous savons tous que la course folle aux dépenses de fonctionnement, les doublons, les locaux vacants, l’absence de mutualisation avec la Métropole, les recrutements de postes qui existent ailleurs vont continuer à nous asphyxier.
Les 44 millions d’euros de recettes récurrentes que procure la hausse de 32 % d’impôts vont être absorbés en 3 ans et la municipalité de 2027 sera devant un mur. La municipalité Destot qui n’avait augmenté si j’ose dire que de 10 % les impôts en 2008 après 13 ans de votre gestion commune avait mis 6 ans pour les absorber.
En 2014, quand vous êtes arrivés, vous avez emprunté 13 millions d’euros pour terminer l’année au lieu de réagir en engageant les réformes et en 2016, deux ans après, déjà, vous êtes au bord de la tutelle.
7 ans seulement après votre ridicule plan comptable de sauvegarde qui devait nous sauver vous augmentez les impôts de 32 %. Le temps impôts / risque de tutelle se resserre dangereusement, il va devenir de plus en plus court.
Nous alertons les élus de la majorité car nous les respectons comme élus des Grenoblois, nous alertons tous les membres du Conseil Municipal, nos collègues et les Grenoblois, il ne faut plus mentir en proposant des projets de dépenses mirobolantes pour lesquels il n’y a pas le premier sou autre que de l’impôt ou de la dette.
Grenoble a besoin d’un plan d’avenir qui la remette aux normes, qui adapte sa structure à la métropolisation, ce qu’elle a gravement manqué, afin de dégager de nouveaux moyens d’agir. Il n’y a rien de plus urgent, de plus essentiel, de plus vital pour la ville que nous aimons si nous ne voulons pas qu’elle souffre et que les Grenoblois souffrent d’investissements et de services de plus en plus réduits et au final d’un déclassement pour les deux.
Ce budget supplémentaire, ces orientations budgétaires mensongères m’amènent à appeler tous ceux qui ont Grenoble à cœur, tous ceux qui sont conscients de la situation et aspirent à dire la vérité aux Grenoblois à dialoguer, à se rassembler, dans le respect des différences, car si vous poursuivez dans cette voie, il faudra du courage, de l’audace, de l’imagination pour bâtir un projet qui donne les nouveaux outils permettant d’affronter les nouveaux défis que Grenoble devra affronter, qui sont d’abord des défis financiers, la clef de tous les autres..