Monsieur le Président, chers collègues,
Cette délibération qui semble modifier à la marge le système de cotation des demandeurs de logements ne me semble répondre aucunement à la catastrophe sociale que connaissent nos quartiers, enfin ceux que je vois.
L’accélération de la ghettoïsation ces dernières années est un drame qui produit et produira des conséquences de plus en plus insupportables pour les populations concernées.
Déjà en 2020 la Cour des Comptes avait analysé en profondeur 10 ans de politique de la ville avec un grand nombre d’enquêtes et de conseillers mobilisés.
Elle en concluait que les populations accueillies étaient de plus en plus précaires, les quartiers de plus en plus repliés sur eux-mêmes, de plus en plus communautarisés, économiquement et commercialement sinistrés et que la première attente de ces quartiers à l’égard des pouvoirs publics était celle d’une action plus visible, plus constante et plus efficace en matière de sécurité.
La Cour des Comptes disait ce que nous disons ici à savoir qu’il n’y a toujours pas d’instrument de mesure sur l’impact des politiques de la ville sur l’itinéraire des personnes, leur promotion sociale, leur intégration.
La Cour des Comptes estimait que la politique d’attribution de logements aboutissait à la concentration de population étrangère et précaire aggravées par les urgences, les attributions au titre du DALO aboutissant à faire des quartiers de nasses au lieu d’être des sas de passage vers le mieux pour les familles.
Elle indique que la conséquence en est la progression du communautarisme religieux, à refermer davantage les quartiers sur eux-mêmes.
Au moment où vous modifiez à la marge les critères d’attribution des logements sociaux, je vous pose la même question que la Cour des Comptes posait en s’étonnant qu’on poursuive une politique sans analyser les résultats de la précédente.
Comment pouvez-vous délibérer sur les conditions d’attribution des logements sans avoir analysé les effets de la politique précédente ? Vous ne voulez pas la voir.
J’exprime cela car je veux dénoncer la démagogie qui consiste à dire qu’on peut accueillir tout le monde, que le droit au logement est « inconditionnel » quand on met les pieds sur notre territoire quelles que soient les conditions dans lesquelles on y vient.
Nous serions le seul pays au monde dans lequel on peut venir y compris illégalement, sans moyen, sans travail et dire qu’on a droit à un logement : tous ceux qui disent cela savent bien que c’est faux et que répéter ça à ces malheureux pour les inciter à venir, c’est leur mentir.
Cette démagogie fait reposer sur les plus faibles, les plus fragiles, les plus modestes de la classe moyenne le poids de l’accueil de cette population de primo arrivants qui ne possèdent aucun de nos codes et que personne ne s’empresse de leur fournir.
Par exemple, face à l’évolution des quartiers, nous avons proposé à plusieurs reprises qu’un critère de tranquillité publique figure dans les conditions d’attribution d’un logement. Ce qui implique une enquête sociale intégrant le minimum de règles de comportement.
Je sais bien qu’il a des élus de toute condition dans cette assemblée, mais aucun ne vit entouré, au dessus, à côté, de familles de primo arrivants comme je le vois au Village Olympique, à Malherbe, au Lys Rouge, à Teisseire, l’Abbaye, Jouhaux… Pourquoi imposons-nous à d’autres ce qu’aucun ne tolérerait pour lui-même et sa famille ?
Pourquoi transférons-nous à plus modestes que nous la charge d’accueillir, d’intégrer des familles qui ne connaissent aucune de nos règles de fonctionnement et qui sont en attente de tout ?
C’est ce que fait notre politique d’attribution de logements.
Au passage je constate que dès qu’on sort de la Métropole et même dans certaines communes de la Métropole, des Maires ont conservé de fait la responsabilité des attributions de logements afin de conserver l’équilibre de leurs quartiers et de leurs communes, ce qui démontre que c’est possible.
Je vous prie de m’excuser de la longueur de cette intervention. Mais le passé de ce que nous voyons et déjà trop grave pour que je n’alerte pas sur le futur dramatique que cette politique prépare.