Vous confirmez malheureusement ce qui était annoncé dès le rapport sur les orientations budgétaires : vous nous proposez un budget catastrophe, qui ne prend aucunement en compte les alertes et qui fonce dans le mur en klaxonnant.
En ce qui concerne les dépenses de fonctionnement tout d’abord, elles atteignent 486 millions d’euros avec une hausse de 16 millions par rapport à 2023.
Vous vous félicitez d’une certaine maîtrise de la masse salariale. Il convient pourtant de rappeler que cette “maîtrise” est assez indépendante de la volonté de la métropole, car la collectivité a des difficultés pour recruter.
Et surtout, entre 2023 et 2024, les dépenses de personnel augmentent de 7%, près de 8 millions d’euros supplémentaires. À chacun sa conception du mot “maîtrise”.
Mais venons en à la dette, qui nous explose à la figure cette année.
En commission, le Vice-Président aux Finances relevait qu’en 2022 emprunter 125 millions d’euros coûtait 6,1 millions ; et qu’en 2023, avec la hausse des taux d’intérêt, ça nous coûtera finalement 39,4 millions soit plus de 30 millions de frais financiers supplémentaires.
Et que croyez-vous qu’il se passe ? Quelles conséquences on en a tiré ? Aucune. On continue à emprunter comme si de rien n’était.
Vous faites le choix de persister à endetter la collectivité. Alors que l’encours de dette atteint cette année 845 millions d’euros supplémentaires (une hausse de 47 millions par rapport à 2023 !), vous envisagez 167 millions d’emprunts d’équilibre pour financer les investissements.
On poursuit avec les mêmes méthodes qui produiront les mêmes effets, sans jamais s’interroger sur les possibilités d’économies.
La fiscalité représente quant à elle seulement 27 % des ressources de la Métropole. On ne soulignera jamais assez l’absurdité d’un système qui a séparé l’action publique de l’impôt qui lui est dédié, interdisant tout lien entre le service rendu et son coût, rendant la participation citoyenne déconnectée de toute réalité financière et éloignant un peu plus le citoyen de la compréhension de la chose publique.
Vous faites le choix d’alourdir la fiscalité qui pèse sur les entreprises avec une hausse de la CFE de 11%. Une contrainte supplémentaire pour les acteurs économiques du territoire, tout ça pour une recette attendue de… 7,2 millions d’euros. Ça ne couvre même pas l’augmentation des frais financiers, qui augmentent eux de 8,7 millions d’euros. Tout ça pour ça.
Espérons toutefois qu’on en reste là, puisqu’un groupe d’élus de la majorité, celui du Maire de Grenoble et de ses amis, propose par voie d’amendement d’augmenter non seulement la CFE pour les entreprises mais aussi la part de taxe foncière métropolitaine et la taxe d’habitation sur les résidences secondaires.
Le matraquage des ménages grenoblois ne leur a pas suffi, ils souhaitent l’intensifier et l’étendre à l’échelle de la métropole. Avec eux on est jamais surpris, mais toujours déçus, puisqu’ils n’ont que l’impôt comme solution pour pallier leur incurie budgétaire. Nous espérons que le reste de votre majorité rejettera ces amendements.
Malgré l’endettement, malgré cette hausse de CFE, il faut noter que les dépenses d’investissement baissent de 9 millions d’euros par rapport au budget primitif 2023. On taxe plus, on s’endette, mais on n’investit pas davantage.
Dans un tel contexte budgétaire, nous aurions décidément pu nous abstenir de certains choix. Je pense évidemment à votre lubie de siège métropolitain, estimé à minima à 86 millions d’euros, nous devons être aux 100 millions désormais avec la hausse des prix. Un projet faramineux alors que la collectivité dispose de locaux vides et de l’ex siège de la CCI où nous nous réunissons aujourd’hui et dont vous ne savez que faire après 2027 !
Alors qu’il vous faut trouver au moins 700 millions d’euros si nous comptons voir un jour se réaliser le sacro-saint RER, ne pensez-vous pas que ces 100 millions auraient été plus profitables utilisés pour le ferroviaire, les mobilités ?
Pour donner un autre ordre de grandeur, sur la seule année 2024, 6 millions d’euros sont prévus pour la construction du siège. Soit la quasi-totalité de ce que rapporte l’augmentation de fiscalité des entreprises.
Je prends cet exemple très parlant pour que les quelques habitants qui nous suivent comprennent bien où passe l’argent. Les métropolitains doivent savoir que cette “trajectoire financière”, puisqu’on l’appelle ainsi, est l’exacte reproduction de celle de Grenoble.
D’ailleurs, il faut reconnaître l’honnêteté du Président Guerrero qui a annoncé que sur ces bases on ne couperait pas à une très forte augmentation d’impôts après les prochaines élections si on tient jusque-là.
On aimerait la même transparence de la part des élus de la ville-centre qui, eux, comptent passer les municipales en mentant une fois de plus aux électeurs.
Les solutions pour éviter le mur financier, vous les connaissez. Vous avez le modèle de la Région Auvergne-Rhône-Alpes sous les yeux : réduction drastique des dépenses de fonctionnement, réduction de la dette pour retrouver des marges de manœuvre.
Je dis bien le modèle, pas les choix de politiques à mener. Chaque collectivité fait les siens. Mais si vous ne retrouvez pas des marges d’action, vous ne pourrez plus effectuer de choix. Vous finirez asphyxié financièrement, perclus de dettes et d’impôts.
Je sonne à nouveau le tocsin. Il y a urgence. Il faut engager des réformes de structures, il faut mutualiser tout ce qui est mutualisable entre la ville-centre et la métropole pour réaliser vite des économies d’échelle ; il faut créer des gouvernances opérationnelles uniques par grand secteur, des budgets base zéro service par service en raisonnant en commun entre la ville et la métro pour la propreté, les espaces publics, la nature en ville, l’urbanisme, les subventions, que sais-je encore !
Pour redresser la tête, il nous faut parvenir à 10 ou 20 % d’économies de fonctionnement tout en gagnant en efficacité du service rendu aux habitants. Parce que vous avez malheureusement prouvé qu’en augmentant le nombre de salariés par rapport au nombre transféré des communes, sans que la masse salariale des communes ne baisse de son côté, le service aux citoyens ne s’améliorait pas.
Les dépenses de fonctionnement sont de 284 millions d’euros à la ville centre et de 486 millions d’euros à la métropole, soit 770 millions d’euros. Avec 10% d’économies à minima par la mutualisation et les synergies, ce seraient déjà 77 millions d’euros par an de gagnés que nous pourrions affecter pour moitié à la réduction de la dette et pour moitié aux actions métropolitaines. C’est tout à fait à votre portée.