Monsieur le Maire,
Nous avons déposé ce vœu pour imposer un débat que vous ne voulez pas sur la MJC et le Théâtre Prémol. Par courrier en date du 13 septembre, notre groupe vous demandait de l’organiser pour ce Conseil Municipal. Vous n’avez même pas daigné nous répondre.
Nous avons finalement été traités avec le même mépris avec lequel vous traitez les acteurs de l’action socioculturelle dans ce quartier et dans la ville. Ce même mépris qui vous conduit à refuser de laisser s’exprimer les représentants de Prémol ce jour en ouverture du conseil. Parce que vous avez décidé qu’ils doivent mourir, et en plus mourir en silence.
Pourtant, si l’on remonte à l’origine, remettre en cause un tel projet en séparant dans un premier temps la MJC du Théâtre, en faisant le choix de séparer le socio-culturel du culturel, aurait déjà mérité débat.
Mais au moment où vous faisiez annoncer par vos adjointes qu’en la séparant du théâtre vous entendiez “renforcer la structure MJC”, vous aviez déjà décidé de lui tordre le coup. Que vous fassiez déconsidérer Mesdames Lheureux, Pantel et Bretton n’est finalement grave que pour elles-mêmes.
Par contre, pour tous les interlocuteurs, professionnels et bénévoles que vous avez promené tout l’été, de mensonges en mensonges, les conséquences sont profondes.
La confiance en la parole publique se trouve encore plus affaiblie et le risque d’une désertion civique encore accentuée.
Car vous avez demandé en juin à la MJC de déposer un projet jeunesse, et en travaillant d’arrache pieds, elle l’a déposé le 5 juillet. Puis vous avez demandé qu’il soit refait en multipliant les procédés dilatoires, contraignant toute une équipe à travailler tout le mois de juillet sur une bureaucratie au lieu de se consacrer à ses missions.
Ils ont finalement réussi à vous rendre le rapport dans les délais fin juillet. Le 23 août, la MJC a été convoquée pour présenter le bilan du premier semestre et son programme pour le second.
Vous avez encore trouvé une objection, que l’équipe est à nouveau parvenue à déjouer en août pour arriver à la fin du mois dernier à un budget équilibré sur des actions identifiées.
Enfin, le 6 septembre, alors que l’équipe Prémol était en réunion sur son projet jeunesse à la mairie, la maison de l’enfance qui n’a jamais travaillé sur les adolescents a été contactée en parallèle par la ville. Le même jour. Ultime marque de mépris, particulièrement violente.
Vous avez fait vivre à des hommes et des femmes qui ne méritent aucunement un régime infernal une ambiance anxiogène, sous la menace permanente, alors que vous aviez tout prémédité.
Vous avez aussi voulu échapper à tout débat au Conseil Municipal. Le Conseil Municipal est bon pour entériner le nom des bibliothèques que vous n’avez pas créées. Par pour débattre de vos choix politiques.
Dans ce dossier, j’en appelle aux membres de la majorité municipale. L’éducation populaire, l’éducation permanente, l’accès à la culture devraient nous réunir, pas nous diviser. Dans une ville minée par la violence, qui a besoin de rétablir l’autorité, écarter la prévention d’une façon aussi brutale, nier l’histoire d’un quartier, une partie de son âme et de sa mémoire, effacer la trace de tant de parcours lumineux qui ont été permis par l’action des acteurs de cette action socioculturelle est d’une brutalité sans nom dans un quartier tant en difficultés.
J’ai siégé une dizaines d’années au conseil de la fédération régionale des MJC présidée par Paul Jargot, un militant communiste, et je peux témoigner qu’alors jamais les responsables de ce parti n’auraient laissé accomplir un tel forfait contre le peuple, contre les plus éloignés de l’accès à la culture.
Je vous appelle donc à vous ressaisir.
Il est encore temps d’empêcher cette régression, d’entendre la centaine de compagnies, metteurs en scène, comédiens, le collectif des habitants, l’Union de Quartier, les élus pas seulement de l’opposition si j’ai bien compris qui vous appellent à la raison.
N’interrompez pas cette si belle et puissante aventure humaine consistant à chercher par tous les moyens à donner leur chance à ceux qui en ont le moins. Ne découragez pas ces belles âmes qui y consacrent leur vie. Vous casseriez plus qu’un outil irremplaçable. Vous détruiriez l’avenir de tant de jeunes qui n’en ont peut-être pas sans elle.