Monsieur le Maire,
La situation financière de Grenoble démontre que vous êtes passé à côté de la métropolisation. Pourtant dans la période 2014/2020, aucun nuage ne venait assombrir votre mariage politique avec Christophe Ferrari, que vous aviez choisi pour présider la métropole.
Dans cette période de construction de la nouvelle entité vous avez tout raté. Ce qui devait être une chance pour notre territoire est devenu un boulet.
Moi qui ait la chance de siéger dans les deux collectivités je suis atterrée par les cumuls, les doublons, la bureaucratie empilée, la complexification coûteuse qui sont la résultante de votre impéritie cumulée.
La Chambre des Comptes a relevé que globalement la métropole avait accru de 10 % le nombre de personnel par rapport aux nombres de personnels transférés, et que la masse salariale des communes n’avait pas baissé dans la période.
Le contribuable métropolitain et grenoblois est la victime de votre impéritie, de votre indifférence à la gestion de la ville. La métropole s’est construite sans aucune synergie avec la ville centre. La ville centre a poursuivi sa course infernale comme si la métropole ne se créait pas.
Vous avez maintenu des services à la ville qui étaient transférés à la métro, vous avez transféré des services comme la police de l’espace public que vous avez repris sans reprendre les personnels transférés, vous avez continué à recruter sans discernement, créant des superstructures, des coordinations, des études de chartes tandis que les services opérationnels étaient de plus en plus démunis.
Dans la construction de la métropole, on aboutit à des aberrations. On voit dans les communes des employés de la métropole arroser les arbres que celle-ci a planté, tandis que la commune continue à arroser les siens tout à côté ; les candélabres être gérés par la métropole et l’éclairage par la ville ; les bouches d’évacuation des eaux par la ville et leur curage par la métropole ; les corbeilles par la ville, les poubelles par la métropole ; les encombrants dans l’espace public par la ville, les déchetteries par la métro…
On a vu les Eaux de Grenoble investir dans un siège qui sera vide parce que la métro reprend le personnel des eaux, on voit des locaux municipaux vides rue des alliés depuis deux ans parce que le personnel a été transféré dans des locaux de la métro, on voit la métro construire un siège de 80 millions d’euros avec une salle des délibérations, pendant que la ville acquiert et met aux normes aux prix fort le siège du Crédit Agricole et rénove la salle des délibérations de l’hôtel de ville.
Cette gabegie est effrayante, démontre l’absence totale de pilote dans l’avion. Vous avez laissé faire et les Grenoblois en paient et vont en payer le prix.
Alain Carignon vous l’a dit au nom de notre groupe sur tous les tons. Créez des gouvernances communes par thématiques opérationnelles, chassez les doublons, gérez les locaux, stoppez l’augmentation des dépenses de fonctionnement.
Bien entendu, du fait de votre échec politique à la métro, la guerre de tranchée qui s’y déroule désormais rend encore plus difficile toute avancée dans ce sens. Au contraire, les choses s’aggravent comme on le voit avec la querelle de la gestion des arbres.
Pendant que vous faites se battre les services sur des questions de compétence, ceux-ci ne peuvent pas remplir bien leurs missions, perdent du temps pour leur adaptation et leur efficacité sur le terrain.
La boursouflure de la ville et de la métro se lit partout avec la création de postes pour répondre à l’énoncé de vos dogmes, entraînant une multitude de groupes de travail aussi redondants qu’inefficaces, sans aucune autre portée qu’idéologique.
Le résultat, nous l’avons sous nos yeux à Grenoble. Au lieu d’avoir assoupli la gestion de la ville, de l’avoir rendue plus efficace par des synergies avec la Métropole, vous l’avez alourdie, rendue souvent inopérante, illisible pour les citoyens qui sont renvoyés d’une collectivité, d’un bureau à l’autre, plus personne ne sachant qui fait quoi.
Par cette confusion, vous espériez échapper à vos responsabilités, créer un flou dans lequel vous cacher, mais les grenoblois paient la note : les 30 % d’impôts sont aussi la résultante de cette grande chance unique que vous avez aussi raté .
Avec la construction de la métropole, la ville centre aurait pu, aurait dû s’adapter à la nouvelle organisation territoriale, partager clairement ses missions, assumer avec efficacité celles qu’elle choisissait de conserver au service de nos concitoyens.
En ayant gâché cette opportunité historique, vous êtes passé à côté de votre mission de Maire. Vous avez préféré vous consacrer à vos ambitions présidentielles plutôt qu’au service de la ville et des grenoblois.
La métropolisation, la synergie ville centre/métropole restent à réaliser si on veut sortir Grenoble de la crise financière dans laquelle vous l’avez plongée. Ce sera la tâche de vos successeurs rendue plus difficile parce que vous avez manqué de l’accomplir quand c’était le moment, quand tout était en construction.
Monsieur le Maire, votre inconséquence sur des dossiers aussi importants, dans lesquels le leadership du Maire est la clef pour qu’ils soient portés, pèse et pèsera lourdement sur l’avenir de Grenoble et des Grenoblois. Ce n’est pas, malgré votre fuite organisée, le moindre sujet sur lequel vous aurez des comptes à rendre.