Ce permis de louer est un permis de communiquer supplémentaire pour vous. Mais plus vous vous donnez des outils de communication sur le logement, plus la situation s’aggrave.
Les Grenoblois ont eu droit aux annonces sur les réquisitions de logements avec force publicité nationale du Maire, ils ont eu droit à un taux de taxe d’habitation sur les résidences secondaires de 60 %, le maximum autorisé, il y a eu le matraquage des propriétaires avec + 30 % de la taxe foncière, l’hymne permanent à la construction de HLM.
Mais tout ça n’a rien modifié du nombre des milliers de demandeurs de logements dont beaucoup veulent quitter les quartiers ghettoïsés. Tout ça n’a rien amélioré pour le nombre de logements inoccupés qui représentent selon l’APUR 17 %. Tout ça n’a rien changé au fait que la ville perd des habitants depuis que vous êtes là, alors que tant de grandes villes attractives en gagnent. Et il y a toujours aussi peu de propriétaires alors que ceux-ci sont un facteur d’équilibre de la ville.
Cette nouvelle usine à gaz très limitée dans sa géographie va donc encore mobiliser du personnel, accroître les dépenses de fonctionnement. Cela répond tout à fait à ce qu’il faudrait faire pour traiter la crise financière de la ville !
Il démontre à la fois votre méfiance à l’égard des propriétaires et votre méconnaissance de leurs problématiques. Plus il faudra sauter des haies, plus il faudra remplir des dossiers, plus il faudra répondre à des critères de plus en plus contraignants, plus il faudra demander des autorisations à des bureaux dont on connaît la propension à répondre vite, moins ils auront le désir de louer leur appartement.
Vous êtes tellement prévisibles, vous savez toujours faire le malheur des habitants avec toujours de bonnes intentions affichées.
Du point de vue de la sécurité, je ne pense pas que ce permis de louer aurait décelé les problèmes posés par l’immeuble des quais tels qu’ils ont été révélés. À moins de créer une armée pour étudier tous les immeubles anciens existants. Et nous faisons confiance aux habitants, au Unions de Quartiers, au tissu associatif Grenoblois si actif et riche pour dénoncer des anomalies graves quand elles existent.
Comme pour la première délibération-cadre, nous avons envie de vous dire : occupez-vous d’abord de ce dont vous êtes directement responsable avant de donner des leçons aux autres.
Vous évaluez à 1821 le nombre de logements du parc privé potentiellement indignes. Mais à combien évaluez-vous le parc public potentiellement indigne d’accueillir des locataires souhaitant vivre dans des conditions dignes justement ?
Pourquoi ne donnez-vous pas au Conseil Municipal le nombre de ceux qui réclament de changer de logement et leurs raisons ?
Aujourd’hui ce sont des milliers de grenoblois qui subissent des conditions de vie indignes du fait de votre politique irresponsable du logement. La paupérisation et la ghettoïsation des quartiers devient insupportable.
Est-ce que vous vous accordez un permis de louer à cette habitante de Mistral qui demande à ses enfants de venir la voir le moins souvent possible car elle craint pour leur sécurité ?
Est-ce que vous accordez un permis de louer au 3 place André Malraux, à cette habitante handicapée qui demande aux dealers qui occupent l’immeuble la permission de sortir par la porte arrière parce qu’ils la condamnent par sécurité et qu’elle ne peut pas sortir par devant parce que la chaussée est trop abîmée ?
Est-ce que vous accordez le permis de louer à cette habitante du 2 allée du Lys Rouge privée de chauffage pendant un mois durant toute la période glaciale où elle a vécu emmitouflée et en larmes ?
Est-ce que vous accordez un permis d’habiter au 6 rue charles Rivail où il faut enjamber les dealers et leurs ordures déposées dans le hall et dans les garages pour rentrer chez soi ? À l’Alma, où il faut montrer patte blanche pour rendre visite à sa famille ou à ses amis ? Vous délivrez un permis de louer rue Paul Cocat à Teisseire, à cet appartement qui a été transpercé récemment par une balle ?
Que répondez vous à ces propriétaires qui ont choisi la mixité sociale et dont la valeur des biens s’effondre – et je préfère ne pas citer les lieux pour ne pas aggraver la chute –, qui vivent dans la peur, sous la menace de cambriolages, dans des conditions de vie difficiles qui ne peuvent plus partir piégés par leurs emprunts ?
Vous leur accordez un permis de louer ?
Dans un seul immeuble, le 2 allée du Lys Rouge, il y a 3 appartements vides dont deux depuis 2 ans. Dans l’immeuble imposant du 23 ter rue Anatole France il ne reste plus que 3 locataires dans l’immeuble. Et il y a, paraît-il, 18 000 demandeurs de logements en attente.
J’ai cité l’immeuble de la rue Jay en plein centre-ville dont les appartements sont vides depuis 10 ans et j’ai lu que vous répondiez que malgré les vitres cassées et l’état extérieur qui ne fait pas de doute, il était occupé par un service, dites-nous lequel ?
La villa du 101 bis cours Berriat avec jardin, celle du 16 rue Argouges, avec jardin aussi, acquise elle pour loger des personnes en difficulté, vides depuis des années également.
Avec une gestion aussi désastreuse du logement, vous ne pensez pas que plutôt que de créer un service dédié à cette communication vous ne devriez pas vous atteler sérieusement à vos propres manques ? Je vous rappelle que vous avez vous-même présidé ACTIS personnellement pendant 6 ans : quel bilan !
Je vous le dis clairement parce que c’est ce que nous ressentons au plus profond de nous-même, ces habillages de votre immobilisme sur vos missions essentielles que vous ne remplissez pas passent de moins en moins bien. Mais même s’ils passaient bien, ils seraient tout de même indignes par rapport aux habitants qui souffrent de cette inertie que vous théorisez et justifiez.
Vous ne devez pas, vous ne pouvez pas, sur ces sujets vitaux qui perturbent gravement les conditions de vie de milliers d’habitants, qui font fuir nombre d’entre eux, poursuivre dans cette technique qui consiste à meubler par des annonces permettant d’afficher un bon profil à ceux qui veulent bien être trompés.
Je vous appelle et j’appelle votre majorité à prendre en compte la souffrance de tous ceux qui subissent le permis de louer que vous vous accordez vous-même sans contrôle et pour des conditions dans lesquelles aucun élu – et je me place parmi eux – n’accepterait de vivre.
Cette délibération est honteuse, elle ne sert à rien, elle ajoute de la bureaucratie à la bureaucratie, elle enfonce un peu plus Grenoble dans la crise du logement en aggravant les craintes, les peurs, et elle contribue à ce taux record de logements inoccupés dans la ville. C’est la raison pour laquelle nous ne l’adopterons pas.