Monsieur le Maire,
Ce contrat de ville poursuit la même politique.
Ce qui est frappant dans cette abondante documentation, où les mots les plus doux sont écrits sur la mixité sociale à favoriser, les points de deal à démanteler, les commerces à retrouver, la sécurisation des habitants et des intervenants publics dans les quartiers à assurer, la nécessité de mieux répondre aux besoins de la jeunesse, etc, etc : il y a 60 pages de littérature généraliste à ces sujets ;
Ce qui frappe toujours est l’absence totale de chiffrage des résultats des politiques conduites et l’absence totale de fixation d’objectifs quantifiés ;
Il est donc impossible de moduler cette politique en fonction de ses résultats puisqu’on ne les connaît pas. Le seul rapport complet sur le sujet résulte de la lourde étude de la Cour des Comptes qui concluait qu’après 20 ans de politique de la ville, les quartiers concernés étaient plus paupérisés, beaucoup plus des nasses qu’un tremplin vers la promotion sociale, l’insécurité et leur mauvaise image s’était aggravée.
Dans la Métropole, nous avons le sentiment qu’il en est de même et que jamais peut-être il n’y aura eu un écart aussi marqué, aussi insupportable entre deux territoires. En gros celui de la recherche, des starts up, des industries de la tech sur lesquelles les investissements privés pleuvent, un territoire avec zéro chômeur, en tension même quand on voit les 1000 nouveaux emplois que va encore créer ST, et l’autre avec un taux de pauvreté record, des taux de chômage qui peuvent monter jusqu’à 40 %, une insécurité endémique. Nous sommes très inquiets de cette Métropole à deux vitesses qui s’éloignent de plus en plus l’une de l’autre.
Vous avez construit le modèle le plus inégalitaire qui soit par votre incapacité à agir concrètement, en étant en permanence réfugiés dans vos déclarations de principe.
L’outil politique de la ville est à modifier complètement, il devrait servir à connecter les deux villes, à utiliser les forces de la ville qui marche et je suis persuadé que nombre de ses acteurs seraient prêts à y participer.
Cela passe aussi par une modification de l’équilibre privé/public dans les quartiers politique de la ville : 83 % de HLM pour Teisseire/Abbaye-Jouhaux, 66 % pour Villeneuve/Village Olympique avec des copropriétés très paupérisées aussi et des propriétaires spoliés, 95 % de HLM à Mistral/Lys Rouge, 70 % à Alma/Très Cloîtres.
La politique de la ville devrait intégrer la promotion sociale également par l’accès à la propriété mais vous avez limité à 30 logements par an dans toute la métropole la vente de logements à leurs occupants. Vous ne voulez pas de la mixité sociale en réalité.
Je voudrais ajouter aussi que la présentation de la politique de la ville n’intègre pas les reculs que vous avez engagé dans les quartiers en municipalisant la Cordée à Villeneuve et en fermant le Plateau à Mistral.
Je vous fais remarquer que la conséquence se lit aussi dans les chiffres de la programmation financière pour les actions socioculturelles, en direction des adolescents : il n’y a presque rien pour Mistral et Villeneuve puisqu’il n’y a plus de structures pour porter les demandes.
Je dois dire aux Grenoblois qui nous écoutent, à ceux qui m’interpellent et dont je conserve en mémoire les visages, les émotions, les larmes parfois, que nous travaillons à la l’élaboration d’une autre politique globale qui se définira à partir de la situation réelle de chacun pour définir un projet qui permette la promotion sociale par le recul de la ghettoïsation, afin de mettre fin à la laideur de cette ville et à cette Métropole à deux vitesses qui sépare les citoyens en deux catégories.
C’est une nécessité absolue.