Politique du logement et de l’accueil : la mère de tous les problèmes – 26 mai 2023 (#CMétro)

par | Mai 26, 2023 | Interventions

L’intervention d’Alain Carignon au nom du groupe d’opposition lors du conseil de Grenoble Alpes Métropole.

Monsieur le Président, 

Cette délibération appelle des remarques car si nous sommes tous favorables à une solidarité active en matière de logement, on peut se questionner sur les moyens mis en œuvre, les modalités et les résultats.

Parce qu’en parallèle de tous ces moyens que nous mettons en action, nous constatons la création ininterrompue de campements de la misère qui se reproduisent au fur et à mesure qu’ils sont résorbés.

Ma première question concerne la source, celle des mafias qui organisent ces transferts de population. Nous avons eu l’exemple sur le territoire de Grenoble, sur un terrain communal d’un campement qui a brûlé et entraîné l’incendie de l’usine Richardson. Il a été mis le feu parce qu’un miséreux n’avait pas payé les 500 € par mois de l’emplacement de son bidonville. Il semble même que les familles logées dans le parc social ou ailleurs doivent continuer à payer la dîme car les membres de la famille restés au pays sont menacés.

Ma première question est donc de savoir si dans ces cas-là la collectivité dépose plainte, demande avec force que les poursuites soient engagées, que ces filières soient poursuivies, démantelées afin de réduire les arrivées, car je ne crois pas, malgré toute votre volonté et vos crédits que  la collectivité pourra faire face à cette pression, si elle n’est pas combattue dans ses aspects sordides.

Je rappelle que la lutte contre le sans-abrisme et les squats, c’est plus de 5 millions d’euros et dans le cas de Grenoble, sur le seul incendie criminel du squat dont je parle, la ville doit provisionner 6 millions d’euros pour dédommager l’entreprise. Sans compter la remise en état des parcs et jardins occupés.  Ces crédits seraient mieux venus sur le logement.

La seconde problématique que je me dois d’aborder est l’intégration de cette politique du logement d’abord dans la politique globale du logement, et dans la politique de qualité de la vie dans la Métropole. Car ces conséquences sont supportées par les quartiers populaires d’une part et par la classe moyenne modeste d’autre part. En effet, ce sont les quartiers déjà très en difficultés qui accueillent ces populations. Ce que je vois, je dis bien ce que je vois, à Villeneuve, au Village Olympique, à Malherbe, au Lys Rouge, c’est une évolution vers une ghettoïsation insupportable. Par exemple, la place Charles Dullin est devenue le tiers monde. Pas un de vous n’y vivrait 24 heures. Cette politique du logement des primo arrivants est une catastrophe pour eux qui se regroupent à plusieurs familles dans le même appartement, tandis que d’autres privatisent les parkings pour leurs activités illicites tandis que les espaces verts deviennent des pistes de 4/4. Elle est une catastrophe pour les derniers locataires qui s’en vont.

Si vous ne mettez pas en place une politique d’accompagnement social et d’intégration à l’échelle des enjeux pour ces familles, vous sacrifiez leur avenir et celui des familles déjà elles-mêmes en difficultés qui se retrouvent dans une nasse insurmontable.

Mais la classe moyenne est également affectée par cette politique. Parmi toutes les situations que je vois, j’en cite deux : une femme seule qui a acquis un appartement dans une co-propriété rue Raoul Blanchard dans laquelle un bailleur social est propritaire d’un logement au dessus d’elle dans lequel il a logé des primo arrivants qui lui ont fait vivre un enfer. Elle a dû vivre à l’hôtel et le bailleur a mis 2 ans pour traiter le problème. Elle avait revendu avant très à perte. La semaine dernière, un retraité habitant cours de la Libération me faisait part de la même situation pour un appartement loué au-dessus de chez lui par une des associations que nous soutenons, qui  cherchait à vendre son appartement ne sachant pas qu’elle serait sa perte.

Je pourrais également vous parler de la rue Léo Lagrange, où des associations que nous finançons généreusement installent jusqu’à 4 familles par montées d’immeuble et où le quartier s’est depuis enfoncé dans une spirale d’incivilités et de délinquance, du trafic de drogue à la prostitution en passant par les incendies de voitures et les menaces. J’y étais encore hier soir avec des habitants de différentes montées et je peux vous assurer que pas un seul d’entre nous accepterait de subir ce que nos politiques publiques leur font subir. 

Je ne veux pas faire de catastrophisme car j’ai bien lu les chiffres, un peu plus d’un millier de logements très sociaux en 2022,  ce n’est pas considérable à l’échelle de la Métropole, mais cela s’inscrit dans une paupérisation assez forte, avec une valeur des biens très faible à Grenoble comparativement aux grandes villes.

Des opérations comme celle programmée rue Nicolas Chorier pour des logements sociaux familiaux interviennent dans un quartier très gangrené. Il me semble qu’on cumule les difficultés si on veut vraiment assurer la promotion sociale des familles concernées.

Comme pour beaucoup des politiques mises en œuvre par la Métropole, celle-ci suit sa propre logique. Elle ne prend pas en compte les déséquilibres sociaux qu’elle engendre. Elle n’est pas intégrée dans une politique globale qui dirait ce que nous pouvons faire, où nous devons le faire. Elle est aussi conduite par des partenaires associatifs ou des bailleurs sociaux de bonne volonté mais auxquels personne ne donne un cadre, ne contraint à effectuer un accompagnement social qui garantisse l’intégration et la paix sociale.

Nous pensons donc qu’il faut agir sur la source pour délivrer un message clair aux mafias et déterminer avec générosité et une éthique de responsabilité la part de la misère du monde que notre Métropole est en capacité d’accueillir et d’accompagner dignement.

Je vous remercie.

Groupe d’opposition
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