Monsieur le Maire,
Je m’exprimerai ici à propos des délibérations 3 et 4, qui concernent toutes deux la stratégie alimentaire et agricole.
Notre groupe se félicite de la démarche menée en associant de nombreux partenaires pour la définition des orientations du Projet Alimentaire Inter Territorial.
Je pense que chacun ici souscrit à la majorité des axes et objectifs retenus. Nous considérons pour notre part qu’ils vont plutôt dans le bon sens.
Nous sommes tout de même sceptiques quant à la partie qui concerne “l’assiette et l’alimentation”, qui vise à “faire évoluer les régimes alimentaires”.
Vous connaissez notre réticence vis-à-vis des stratégies qui entendent expliquer aux habitants comment ils devront consommer, comment ils devront se comporter. Cette incursion dans leurs libertés les plus basiques, ici la manière dont ils souhaitent s’alimenter, nous dérange toujours.
Il y a d’ailleurs quelque chose d’un peu ridicule à fixer des pourcentages pour ce genre d’objectif. Comme si, parce qu’on l’a écrit quelque part dans un document stratégique, nous allions créer comme ça, par la force de la volonté, “60% de flexitariens”, “30% de végétariens” ou encore mieux, “40% de la population dont l’alimentation est composée de 70% de produits issus de l’agriculture biologique”. Vous conviendrez que c’est un peu hors-sol.
Venons en maintenant à la “stratégie de la ville de Grenoble pour une alimentation durable, éthique, inclusive et résiliente”. Un nouveau rapport, dans la droite lignée de cette succession de délibérations-cadres depuis le début du mandat, dont on peine à chaque fois à voir les effets concrets. On retrouve donc comme d’habitude cette accumulation de poncifs et ce verbiage abscon dont Antoine Back s’est fait le spécialiste.
Vous ne manquez évidemment pas de vanter votre action, finalement assez maigre : on a un peu plus de plats siglés EGALIM que l’obligation légale et nous nous inscrivons “dans une démarche de réduction du gaspillage alimentaire”. Comme à peu près partout ailleurs donc.
Vous omettez tout de même que le menu végétarien dans les écoles, que vous avez tenté d’imposer à grand renfort de communication en en faisant le menu de base, est boudé par une immense majorité des familles. Je ne peux également pas croire que vous n’avez jamais été confronté à ces nombreux parents, parfois même au propre personnel de la ville, très critiques à propos de ce qui est servi à leurs enfants dans les écoles et les crèches.
Bien évidemment, on ne retrouve rien de très concret en matière de propositions dans cette délibération-cadre. Nous aurons l’occasion plus loin dans ce conseil de voir à quel point ce genre de document, dont vous êtes friands, n’engage que ceux qui y croient ou font semblant d’y croire.
Comme d’habitude, on retrouve tout le champ lexical de ceux qui ne font pas grand-chose à la fin : “étudier la possibilité”, “étudier la faisabilité”, le classique “amplifier la transition”, “favoriser les pratiques”, “mutualiser les réflexions”, “fluidifier les échanges”… Sans oublier évidemment de “communiquer”, et quelques nouvelles idées de chartes et collectifs auxquels adhérer, votre spécialité.
Vous semblez cette fois assez conscients du vide ce que vous nous soumettez, puisque vous vous êtes efforcés de préciser noir sur blanc qu’il faudra, je cite, “décliner de manière systématique les axes stratégiques en plan d’actions”, “identifier les porteuses et porteurs de projet inhérent à chaque action” mais aussi “estimer les ressources (RH, financières) nécessaires à la bonne conduite de la stratégie”.
Vous conviendrez qu’il s’agit là des prérequis basiques à n’importe quel plan d’action. Le fait que vous les remettiez à plus tard, donc que vous n’ayez aucune idée de qui fait quoi et de combien ça coûte, nous conforte un peu plus dans l’idée que cette délibération n’a vocation qu’à brasser de l’air tant elle n’engage à rien.
Comme pour les autres délibérations-cadres, nous nous abstiendrons de voter ce verbiage que vous nous imposez simplement pour occuper un conseil assez maigre en sujets après une rentrée pourtant chargée en actualités. Après 10 ans de la même équipe aux commandes, les Grenoblois méritent un peu plus que de simples “réflexions”. Car nous ne vous jugerons pas à l’aune de vos discours-cadres et de vos ébauches de stratégies, mais de votre bilan.
Je vous remercie.