Cette révision des critères de subvention appelle deux observations de notre part.
La première, sur la forme. Il est savoureux de lire qu’en 2015, votre objectif était de, je cite, de “clarifier la gestion des aides directes entre la ville de Grenoble et les associations sportives”.
On en est décidément très loin vue l’usine à gaz que vous proposez de mettre en place. C’est le paradis de la bureaucratie. Dès le début de la délibération, on comprend le problème. Vous expliquez ainsi que “le soutien de la ville de Grenoble aux associations sportives est de deux ordres”… avant d’énumérer 7 modalités de soutien différentes.
Il faut donc comprendre qu’il y a d’un côté la mise à disposition d’équipements de l’autre des subventions pour pas moins de six motifs différents possibles ; des subventions de fonctionnement général ; d’autres pour un évènement en particulier ; de l’accompagnement pour les frais d’occupation d’un équipement ; un autre accompagnement pour la gestion d’équipement ; ou encore de l’aide pour les frais d’une association accueillant du personnel municipal mis à disposition…
Chaque aide est ensuite soumise à de multiples critères d’éligibilité, avec plusieurs documents justificatifs demandés, puis selon la subvention, il y a des critères techniques avec certains particulièrement obscurs à mesurer comme la qualité de l’encadrement, ou encore des idées très claires comme celle qui consiste à appliquer une “pondération”, je cite, “en fonction des subventions versées en N-1, du montant demandé et de la variation décidée”.
Bref, c’est la jungle des critères pour obtenir la moindre aide de la ville. Et en face de vous, on aimerait bien que vous vous en rappeliez, ce ne sont pas des professionnels de la contractualisation, rémunérés pour remplir des dossiers administratifs, mais de simples citoyens bénévoles qui ont déjà suffisamment à faire avec l’objet même de leur club ou association.
Sans verser dans la phobie administrative, tout votre système aurait mérité d’être grandement simplifié pour être plus facilement accessible.
Ensuite, plus important encore, sur le fond. Nous l’avons déjà dénoncé par le passé : vous soumettez l’attribution de subventions au respect de critères qui n’ont à notre sens rien à faire ici car ils relèvent de l’idéologie et de l’agenda politique qui animent votre majorité.
Vous proposez ainsi que les subventions de projets des associations soient accordés, je cite, “sur la base des cinq thématiques prioritaires de la politique publique sportive :
– l’égalité entre les femmes et les hommes ;
– l’accompagnement des publics prioritaires ;
– l’éducation populaire et à la citoyenneté ;
– la santé et le bien être ; – la transition écologique”.
On retrouve pour le sport le même système qu’avec les subventions culturelles, qui aboutit à brider la liberté artistique en soumettant la création à vos lubies politiques.
Cette dérive en dit assez long sur vos méthodes, sur la manière insidieuse dont vous tentez de faire infuser vos thèmes par tous les moyens.
Chacun s’engage, à son niveau et selon ses moyens, pour l’environnement et pour l’égalité. Mais il est insupportable d’en faire le fondement même de toute activité. Les associations méritent mieux que d’être lésées si par malheur leurs adhérents ou leur conseil d’administration ne sont pas parfaitement paritaires, ou si elles ont acheté des gobelets en carton plutôt que des éco-cups.
Vous osez même leur demander d’apporter la preuve de leur avancée sur les indicateurs que vous imposez. C’est assez incroyable quand vous même ne mesurez jamais votre action. Vous vous cantonnez à de grands discours sur l’égalité, sur l’écologie, sans jamais proposer de bilan concret de vos intentions, et on comprend pourquoi, puisqu’il ne serait pas très reluisant, mais vous voudriez que les autres le fassent.
Au passage on est ravis de découvrir que vous ajoutez une nouvelle case dans le document déclaratif des associations : “l’inscription du nombre de personnes non binaires adhérentes de l’association”, sachant que seulement 0,33% de la population de plus de 15 ans est non binaire, les clubs seront-ils sanctionnés s’ils n’en ont pas parmi leurs adhérents ? De plus, comme l’a dit Delphine Bense, le fait de comptabiliser les personnes non binaires me semble être de fait une discrimination.
Vous ajoutez également qu’il faudra « avoir suivi une formation contre les violences sexuelles et sexistes (financée par la Ville) dans les conditions définies par la Ville de Grenoble. C’est, au départ plutôt une bonne chose mais vous dites que les premières formations seront programmées dès 2024 et seront une condition nécessaire pour l’attribution des subventions à partir de l’exercice 2025… Et si les encadrants n’ont pas trouvé le moyen de participer à ces formations, que ce soit parce que leurs activités ne leur permettaient pas d’y assister ou pour d’autres raisons, y compris peut-être que ces personnes n’y auront pas trouvé de place… Alors à partir de 2025, leurs clubs ou associations seront privées de toute aide de la ville ? Vous vous êtes mis à dos beaucoup de monde du secteur culturel, vous allez faire de même avec le sport…
Vous l’aurez compris, nous ne voterons évidemment pas cette délibération. On connait tous le célèbre “arrêtez d’emm*** les français” du Président Pompidou. Vous seriez bien inspirés de reprendre la formule à votre compte et d’arrêter de faire suer les associations grenobloises avec vos usines à gaz idéologiques.
Pour vous assurer du suivi de vos critères idéologiques, vous avez fait le choix, à la faveur de la transformation de ce comité d’avis, de remplacer les représentants des associations par des personnalités qualifiées qui doivent avoir trait aux “thématiques prioritaires de la politique publique sportive (l’écologie, la santé, l’égalité des droits, l’éducation populaire et la citoyenneté, l’accompagnement des publics prioritaires)”. Et évidemment ces personnalités sont nommées par vous et vous seuls.
On perd ainsi une expertise de terrain, celle des associatifs représentatifs du tissu sportif grenoblois, pour faire rentrer des membres qui contribueront surtout à verrouiller les avis pour qu’ils correspondent à votre grille de critères politiques. Et ce n’est sûrement pas le sport grenoblois qui sortira gagnant de cette manœuvre.
Je n’ai eu l’occasion de participer qu’une seule fois au précédent comité d’instruction… Je n’avais pas eu les documents en amont, mais j’avais bien compris que les subventions avaient été discutées par tout le monde et que très souvent ce qui était prévu au départ était modifié ! J’avais trouvé cela très intéressant et j’avais même félicité madame Mennétrier en lui disant que le Comité d’Avis culturel devrait s’inspirer de ce fonctionnement qui me semblait beaucoup plus démocratique ! Et malheureusement, comme quelque chose fonctionnait bien et permettait une vraie participation des personnes du comité, vous le transformez à l’image du Comité d’avis culturel afin de tout verrouiller une fois de plus !
Vous comprendrez donc que nous votions contre cette délibération qui ne fait que participer à l’extension de votre mainmise idéologique sur le secteur associatif.