Monsieur le Maire,
Cette délibération est édifiante sur vos rapports avec la métropole. En gros, vous vous plaignez d’être maltraité mais ce sont les Grenoblois qui devraient se plaindre de la situation. Car ce sont eux les victimes, si nous ne sommes pas assez pris en compte et si les charges de centralité ne sont pas suffisamment partagées.
Je me permets de vous rappeler un détail. Sur les 30 dernières années vous avez co-géré la métropole 24 ans avec vos partenaires socialistes et communistes, et ces 10 dernières années quasiment à part égales.
D’ailleurs pendant les 6 premières années de votre lune de miel avec Christophe Ferrari, quand vous l’aviez choisi comme Président tout s’est bien passé. Vous avez pu imposer vos politiques de déplacements, vous avez fait fonctionner le chéquier comme on l’a vu avec la vente des actions de GEG et les 10 millions d’euros qui vous permettaient de franchir les élections de 2020. On se demande pourquoi vous n’avez pas mis à profit cette période bénie pour revoir le partage des charges de centralité ? Vous aviez la tête ailleurs ?
Puisque vous dites rarement du bien de moi, je suis obligé de me coltiner moi-même ce travail. Quand j’ai été élu président de l’agglomération, on peut être en désaccord avec tel ou tel chantier, mais j’ai lancé la réalisation de la station d’épuration, car la ville modèle de la gauche et des Verts rejetait tous ses déchets dans l’Isère y compris hospitaliers quand nous sommes arrivés ; la construction d’Athanor qui fera que nous serons en tête à l’époque sur la question des déchets ; la création du cimetière intercommunal de Poisat avec son carré musulman qui était une grande innovation.
Et puis avec le département, la mise en place de conventions culturelles pour partager à 50/50 le fonctionnement du Musée de Peinture, de la MC2 et du Muséum, et en lui donnant la réalisation du Musée de la Résistance et le fonctionnement à 100 % du Musée Dauphinois.
C’est au temps où vous gouverniez le département et la ville avec les élus socialistes qu’il a été mis fin aux conventions culturelles qui ont appauvri Grenoble. Il ne reste que le Musée Dauphinois et le Musée de la Résistance : imaginez ce qu’il en serait des dépenses de fonctionnement de la ville s’ils étaient encore à notre charge.
L’idée n’est pas de me jeter des fleurs mais de faire œuvre pédagogique auprès des Grenoblois. Ceux qui dirigent ce territoire depuis 30 ans n’ont pas réussi à s’entendre pour partager équitablement les responsabilités, pour créer des synergies positives. Comme dans les mariages qui échouent au moment du divorce conflictuel, ils se battent pour compter les petites cuillères. L’essentiel leur échappe. C’est un peu ça, cette délibération que vous soumettez au Conseil Municipal.
Pour notre part nous nous refusons à compter les petites cuillères.
Pour nous la dynamique de la ville centre, de la capitale des Alpes, ne peut se concevoir qu’avec ses partenaires : la région avec Laurent Wauquiez a montré l’exemple en prenant en charge Alpexpo, en investissant massivement au bénéfice de la ville et du territoire comme le montre l’action de sa présidente Nathalie Béranger. Je suis convaincu qu’il est possible de trouver d’autres synergies avec elle.
Il en est de même avec le département qui a besoin d’une visibilité dans la métropole. On connaît l’attachement du Président Barbier à notre département et je suis également convaincu que dans une approche positive et respectueuse des collectivités, il est possible d’établir des coopérations sur des projets. Ou alors il fallait choisir de faire comme Lyon et supprimer le département de la métropole, pour prendre ses prérogatives et ses financements. Vous n’avez fait ni les unes ni les autres. Vous n’avez rien fait dans ces domaines clefs qui peuvent procurer des marges de manœuvres, ce qui détermine l’avenir.
Enfin, s’agissant de la métropole, cet échange comptable de boutiquiers démontre où vous en êtes arrivé. Les deux collectivités sont asphyxiées par les dépenses de fonctionnement, cumulent de la bureaucratie et des strates à un point que les citoyens sont évidemment perdus, mais les élus aussi qui seraient incapables de citer les études, les groupes de travail, les chartes, qu’ils ont lancé, signé et qui se cumulent dans l’indifférence générale. Des élus qui ne savent pas eux-mêmes ce qui dépend d’eux ou de la métropole et se renvoient la balle.
Les 720 millions d’euros de fonctionnement ville / métropole appellent à un big bang afin de traquer les cumuls, de supprimer tous les doublons de service, de simplifier, de rendre lisible, de créer des gouvernances uniques entre la ville-centre et la métro. Il faut une sorte de fusion des deux pour en sortir.
Laissez moi vous dire que ce document, et même la comparution du Président Ferrari devant nous qui vous fait tant espérer, ne changeront rien. La délibération que nous verrons plus loin avec laquelle vous allez diminuer la représentation de communes moyennes, aboutissant au fait qu’un élu métropolitain Grenoblois représentera moins d’habitants qu’un élu de Claix, ne va pas arranger la situation de la ville centre.
Votre méthode toujours brutale, toujours unilatérale, toujours en contradiction avec vos déclarations sur le pluralisme et la représentation de tous va encore isoler la ville.
Vous pourrez établir tous les bilans comptables que vous voulez, si vous ne dialoguez pas, si vous n’entrainez pas autour de projets fédérateurs, si vous ne considérez pas chaque commune dans sa spécificité et son histoire, les Grenoblois continueront à en supporter les conséquences.
Comme les règles de votre parti vous interdisent de faire 3 mandats à la tête de la même collectivité je ne sais pas si vous choisirez d’être Président de la République ou Président de la Métro en figurant sur la liste, ou les deux. Mais ce dont je peux témoigner c’est que cette violence politique est contre-productive pour vous.
Pour être sincère je ne dis pas que ça m’émeut vraiment pour vous, mais ça m’inquiète surtout pour les Grenoblois car l’hostilité des autres collectivités à l’égard de Grenoble n’est pas sans conséquence pour eux.
Voici pourquoi nous sommes profondément en désaccord avec la présentation que vous faites de cette délibération.